Pouvoirs, circulations et socialisations en Méditerranée

Responsables : Leyla Dakhli et Lucas Hardt

 

Langues de travail: français, allemand, anglais

Ce groupe de recherche se donne pour objectif de travailler sur les espaces méditerranéens à l’époque contemporaine en mettant en œuvre une approche interdisciplinaire qui se situe au contact entre les rives, les époques et les méthodologies. Il s’agit d’aborder l’espace considéré en prenant en compte sa dimension globale et en le considérant comme un lieu de vie et de sédimentation sociale, économique, politique, culturelle non isolable, ni à l’intérieur d’une ou plusieurs « aires culturelles », ni par rapport à une Europe dite « continentale ».

L’enjeu est de proposer une réflexion articulant les défis du temps présent et le passé lié aux premières modernités (depuis le milieu du XIXe siècle, qui correspond aux grandes réformes modernisatrices dans l’Empire ottoman,  aux mouvements dits des nationalités, et aux premières colonisations européennes). Il s’agit d’étudier les processus pluriels de transformation d’une Méditerranée ouverte, cosmopolite à une Méditerranée fermée, post-migratoire en interrogeant et en déconstruisant les présupposés de départ : la Méditerranée était-elle si ouverte par le passé comme le suggère une certaine littérature teintée de nostalgie ? la Méditerranée actuelle est-elle si fermée, constituant une frontière séparant le Nord et le Sud ? Comment fonctionne concrètement cette rive sud de la Méditerranée en interaction avec d’autres espaces et d’autres mondes (Afrique, Asie, Europe centrale et orientale) ?

Il s’agit aussi de porter une attention à des constructions politiques fondées en partie sur des héritages coloniaux et de redonner de l’historicité et de la complexité à des sociétés et à des communautés trop souvent enfermées dans des schémas réducteurs (post-colonialisme, néo-colonialisme, autoritarisme politique) qui nuisent à la compréhension des enjeux contemporains dans cette région.

En s’appuyant sur un appareillage méthodologique combinant une perspective transnationale et socio-historique attentive aux acteurs, aux circulations, aux transferts et aux échanges, ce groupe propose de développer une approche connectée et ouverte de la Méditerranée, c’est-à-dire de penser ensemble les deux rives de cet espace. Les recherches accueillies sont invitées à penser les mobilités dans toute leur profondeur : profondeur spatiale (notamment espaces parcourus), historique, culturelle.