Le travail de doctorat propose une lecture micro-historique et géographique des effets de la construction du Mur de Berlin sur la société est-allemande. Il se concentre sur la question des répercussions de la construction du Mur sur les sociétés est-allemandes dans leurs lieux de vie et leur circulation quotidiennes. La construction du Mur de Berlin fait l’objet d’une intense littérature qui revient notamment sur le choc et la surprise qui ont accompagné l’événement. L’étude tente de dépasser cet effroi, bien intégré dans l’histoire collective, afin de sonder une pluralité d’émotions, et ce, à travers le rapport affectif que les sociétés entretiennent avec leur territoire. L’approche psycho-géographique choisie, témoin non dissimulé de l’alliance de l’histoire et de la géographie en France, permet d’avoir une autre approche du phénomène à travers les pratiques sociales du territoire. En faisant le choix de cette démarche, c’est l’interaction entre société et territoire qui est au coeur de l’étude, étant entendu que le territoire est une construction des sociétés qui y vivent et qui se l’approprient. Dans le cas de Berlin, autour du 13 août 1961, l’État crée et instrumentalise, à l’aide de la force armée, une scission dans le territoire. Quel rôle doit et peut alors jouer la société ? Comment les sociétés, dans les différents quartiers, parviennent-elles à se réapproprier le territoire et à y imprimer une culture, plus ou moins indépendante du standard officiel ? Il s’agit, dans ce travail, d’étudier les mouvements de refus, de recul, d’adhésion, d’accommodation, face aux nouveaux projets urbains alors engagés ainsi que les formes d'appropriation du territoire.