Léa Martin | Doctorante
Ancien Membre
Institution principale
:
CRHIA (Centre de recherches en histoire internationale et atlantique) Université de Nantes
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Position
:
Doctorante
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Bourse
Contrat doctoral (01/10/16 - 01/10/19)
Sujet de recherche
Occupation allemande du sud-est de la Pologne pendant la Seconde Guerre mondiale; micro-histoire; expérience de guerre des populations locales; interactions quotidiennes.
Titre de la thèse
Les Allemands et les populations locales du district de Lublin: des relations entre collaboration, résistance et politique d’extermination (1939-1944)Résumé de la thèse
Créé par un décret publié par Hitler le 12 octobre 1939, le Gouvernement général constitue une entité administrative recouvrant le territoire de la République de la Pologne annexé mais non incorporé au Reich. Comprenant la majorité des territoires de Pologne centrale et méridionale, il est divisé en quatre districts (Cracovie, Lublin, Radom, Varsovie) auxquels s’ajoute celui de Galicie à la suite de l’invasion allemande de l’Union soviétique le 22 juin 1941.
Très tôt, dans le cadre de la guerre à l’Est voulue par Hitler, guerre qui ne s’apparente à rien de moins qu’à une guerre d’anéantissement total (Vernichtungskrieg) dans le cadre d’une « germanisation » d’un prétendu « espace vital » (Lebensraum) fantasmé par les nazis les plus fervents, les occupants allemands font du Gouvernement général fort de douze millions d’habitants le lieu d’expérimentation de leur politique d’asservissement et d’exploitation des populations jugées inférieures, ainsi que celui où se dessinent les contours d’une « solution finale de la question juive » qui n’a de cesse de se radicaliser jusqu’à son apogée en 1942. Mais c’est au sein du district de Lublin, situé à l’extrême sud-est de la Pologne et dirigé par le gouverneur Ernst Zörner, que vont se concentrer particulièrement les objectifs à la fois nationaux, territoriaux, idéologiques et raciaux du régime nazi.
Installés sur ce territoire polonais jusqu’à l’arrivée des Soviétiques en juillet 1944, les Allemands partagèrent ainsi le quotidien des populations locales non-juives que leur programme de travaux forcés et les mauvaises conditions de vie avaient épargnées. Inexorablement témoins du génocide en cours de leurs voisins juifs et sans cesse confrontés au spectre de leur propre mort, les habitants du district de Lublin définirent leurs relations avec les Allemands par le prisme de l’action et de la potentialité meurtrières de ces derniers, dans une logique instaurant deux camps : celui des auxiliaires des occupants et celui des résistants au système. Malgré tout, la mise au jour de l’existence de mouvements d’opposition à l’occupation nazie et, dans une plus grande mesure, celle d’une forte tendance à la collaboration avec le régime nazi, ne sauraient réduire de manière binaire la complexité et la diversité des rapports qu’ont entretenus les émissaires du Reich d’Hitler avec le peuple polonais de Lublin.
Quelles étaient réellement les modalités de cette cohabitation forcée et comment s’exprima-t-elle à l’intérieur, mais aussi hors du champ bien connu des massacres et de la politique d’exploitation nazie ?