La construction des besoins humanitaires Savoir de crise, cartographie et quantification au Cameroun

Intervention de Joël Glasman 

Les agences humanitaires se dotent depuis une dizaine d'années de nouveaux outils de quantification des besoins d'urgence. Ces outils permettent la construction de chiffres, de cartes et de graphiques qui informent les projets d'aide à leurs différentes étapes (plaidoyer, planification, implémentation, évaluation), ils prennent une place grandissante dans une action humanitaire qui se veut transparente, efficace,  redevable (accountable) et finalement "fondées sur des preuves" (evidenced based humanitarian aid).

Ces nouveaux outils humanitaires participent d'un phénomène, déjà très étudié par ailleurs, de quantification du social et de diffusion des techniques du Nouveau Management Public à de nouvelles sphères de la gouvernance mondiale. Mais au-delà, ces savoirs témoignent aussi d'une problématique propre au champ humanitaire — celle notamment d'une commensurabilité des souffrances à l'échelle du globe. L'enquête porte sur la construction d'un savoir de crise au Cameroun, entre l'arrivée massive de réfugiés Centrafricains dans l'Est (2014) et l'arrivée des réfugiés Nigérians (2015/2016). La présentation prend pour point de départ la carte synthétique de vulnérabilité produite par l'Office de coordination humanitaire de l'ONU, et tente de retrouver, dernière la carte, le travail d'objectivation des besoins. 

Dans le cadre des groupes de recherche "Création, Réseaux, Territoires" et "Circulation des Savoirs"