Les violences à l’égard des étrangers d’origine juive dans la Belgique à la sortie de la Première Guerre mondiale.

 

Fritz Norden, avocat allemand professant et vivant en Belgique avant le conflit est la cible d’une controverse entamée en 1915 alors qu’il publie un livre légitimant l’occupation allemande de la Belgique. Dans les critiques qu’il essuie, peu concernent les arguments qu’il mobilise dans son ouvrage, par contre, beaucoup portent plus sur ses origines juives et allemandes, qui expliqueraient alors son parti pris. En 1918, de peur de représailles, il fuit le pays avec les troupes allemandes.

L’Affaire Norden illustre parfaitement la façon dont le stéréotype sur le judéo-boche s’exprime pendant la Première Guerre mondiale : si tous les juifs ne sont pas suspectés d’être pro-allemands, leur religion sert de mobile pour expliquer les raisons les ayant poussés à trahir la Belgique. Cette présentation a pour objectif de compléter les recherches sur les violences à l’égard de différentes minorités à la fin de la Première Guerre mondiale avec les résultats issus de ma thèse portant sur l’attitude et les discours de la police des étrangers à l’égard des juifs étrangers. Pour ce faire, il nous faut d’abord établir une définition de « la minorité » en terme de pouvoir pour comparer les minorités qui le sont sur base nationale, religieuse et de genre. Les violences à l’égard des femmes, des juifs et des étrangers seront illustrées à l’aide de biographies issues des archives de la police des étrangers. Grâce à cette approche, les dynamiques d’exclusion dans le contexte d’après-guerre ainsi que les ressemblances dans l’usage des stéréotypes sur la femme à Boches et le judéo-boche sont mises en exergue. Finalement, l’analyse et les comparaisons de nouvelles formes et des nouvelles cibles de violence dans la Belgique d’après-guerre servent à établir les modalités d’expression des préjugés anti-juifs.