En 1918/19, plusieurs bourgeoises et petites bourgeoises organisent chez elles des salons politiques où se réunissent les élites révolutionnaires. Au contraire des assemblées politiques où elles sont en minorité et où leur point de vue n’est pas écouté, les femmes trouvent dans les salons un lieu où elles peuvent s’exprimer librement sur leurs préoccupations révolutionnaires et féministes. Elles y créent leurs propres espaces politiques où elles acceptent des femmes et des hommes de classes sociales et d’opinions politiques différentes. Ces salons sont aussi des lieux de soutien et d’entraide vers lesquels de nombreuses militantes se tournent lorsqu’elles peinent à trouver du travail, mais aussi lorsqu’elles ont besoin de fuir rapidement les autorités gouvernementales. C’est au sein de ces salons féminins que naît le Sozialistischen Frauenbund (Association des femmes socialistes), dont les membres travaillent par la suite à convaincre les autres forces politiques du bienfondé du droit de vote des femmes. Dans cette présentation, je m’intéresserai, d’une part, à la manière dont les femmes utilisent les salons pour faire face aux inégalités politiques auxquelles elles sont confrontées, et, d’autre part, à l’importance de ces espaces dans l’engagement révolutionnaire féminin ainsi que dans le mouvement révolutionnaire dans son ensemble.

Clotilde Faas a terminé en 2025 une thèse de doctorat intitulée „Les femmes et la Novemberrevolution. L’Allemagne en 1918/1919″ à l’Université de Neuchâtel sous la supervision des professeures Kristina Schulz de l’Université de Neuchâtel et Belinda Davis de l’Université Rutgers dans le New Jersey. Ses intérêts de recherche portent sur l’histoire  des femmes et du genre pendant la Première guerre mondiale, la révolution allemande et la République de Weimar ainsi que sur l’histoire des révolutions européennes.