Dr. Mahaut Ritz
VITA
Biografie
Mahaut Ritz ist assoziierte Forscherin im Centre Marc Bloch und Teil der Forschungsgruppe „Kritisches Denken im Plural. Begriffliche Wege der Sozialforschung“. Nach dem Philosophie-Studium an der Université Grenoble Alpes und an der Freien Universität zu Berlin hat Mahaut Ritz im Rahmen einer Cotutelle zwischen der Université Grenoble Alpes und der Humboldt-Universität zu Berlin promoviert. Sie hat ihre Dissertation auf Französisch und auf Deutsch am 26. Oktober 2018 in Grenoble verteidigt. Ihre Forschungsarbeit drehte sich um das folgende Thema: Prekarität, zwischen Ideologie und Organisierung der Enteignung. (Ihre Dissertation ist im Januar 2025 unter dem Titel „Repenser la précarité : de la flexibilité à la dépossession“ erschienen.) Sie betreibt ihre Forschung an der Schnittstelle zwischen Sozialphilosophie und Epistemologie der Sozialwissenschaften. (Siehe die Projektbeschreibung über „Gesellschaftliche Nützlichkeit und der Ort der Marginalität : Studie über ein Paradigma an der Schnittstelle zwischen Arbeit, Politik und Sozialwissenschaften“) Im Jahr 2021 war sie unter anderem an der Erarbeitung eines Projekts zur Frage des Sinns der Arbeit beteiligt, das im Rahmen eines ERC-Förderantrags eingereicht wurde. 2022 reichte sie zusammen mit Theodora Becker für das Institut für Sozialforschung ein ANR-DFG-Projekt ein mit dem Titel: »“Solidarität“ oder „Anpassung“? Eine vergleichende Kartographie kritischer sozialphilosophischer Diagnosen der „Corona-Gesellschaft“«. Im Frühjahr 2022 wurde sie in das Redaktionskomitee der Zeitschrift Trajectoires des Ciera aufgenommen. Im Sommersemester 2019 gab sie gemeinsam mit Claire Tomasella ein Seminar zur Einführung in die Socio-histoire am Institut für Sozialwissenschaften der Humboldt-Universität zu Berlin.;
Mahaut Ritz est chercheuse associée au Centre Marc Bloch et participe au pôle de recherche „Pensées critiques au pluriel“. Après avoir étudié la philosophie à l’Université Grenoble Alpes et à la Freie-Universität de Berlin, Mahaut Ritz a effectué un doctorat en cotutelle sous contrat à l’Université Grenoble Alpes et à la Humboldt-Universität de Berlin. Elle a soutenu sa thèse en français et en allemand le 26 octobre 2018 sous le titre suivant : « La précarité, entre invention idéologique et organisation de la dépossession ». (Sa thèse est parue en janvier 2025 sous le titre „Repenser la précarité : de la flexibilité à la dépossession“.) Elle poursuit ses recherches à la croisée de la philosophie sociale et de l’épistémologie des sciences sociales. Ses dernières recherches postdoctorales s’inscrivent dans un champ de recherche interdisciplinaire, inauguré à la suite de la crise sanitaire de 2020-2022, qui revisite à nouveaux frais les notions de travail et de reconnaissance au prisme de l’utilité sociale. Ses recherches entendent contribuer à l’exploration renouvelée de la notion d’utilité sociale et de ses enjeux, liés au travail et à l’inscription de l’individu dans la structure sociale, en partant de la question de la marginalité et des marginaux. (Voir la description du projet : „L’utilité sociale et les places de la marginalité : Étude d’un prisme à la croisée du travail, du politique et de l’épistémologie sociale“) Elles se nourissent de ses contributions aux demandes de financement ERC sur le sens du travail (2021) et ANR-DFG sur « “Solidarité” ou “adaptation” ? Une cartographie comparée des diagnostics critiques de la “Corona-Gesellschaft” par la philosophie sociale » (2022). Elle a intégré au printemps 2022 le comité de rédaction de la revue Trajectoires du Ciera. Au semestre d’été 2019, elle donne un cours d’introduction à la socio-histoire à l’Institut de sciences sociales de l’Université Humboldt de Berlin en collaboration avec Claire Tomasella (Aix-Marseille Université)
Zusammenfassung
The thesis falls within the field of social philosophy and is inspired more precisely by the tradition of German critical Theory and its cross-disciplinary orientation. Its object is the critical examination of the concept of precarity, both the problem that the concept seeks to grasp and the critical concept itself. In the last forty years, since the emergence of words conceptualizing precarity („precarity“, „precariousness“, „precarization“, „precariat“) and their earliest studies, the sociological literature on this subject has burgeoned. Indeed, as the obverse of neoliberal flexibility, precarity, has inspired works on various problems and on a range of scales. These converge mainly toward a conceptualization of precarity as a „social pathology“, threatening the cohesion of society as a whole and menacing with exclusion those in unstable positions. Globally, the present thesis finds blind spots and limits to this reading of precarity, starting with the difficulty of discerning the boundary line between positive flexibility and negative precarity in the workplace. Our critical study first calls into question this „pathological“ reading of precarity, which has become a generally accepted representation of the subject. Using France as its basis, the thesis explores the history of transformations in the organization of work and social security at the turning point between Fordism and post-Fordism. It was during these transformations that the first vocabulary of precarity was formulated in France in the 1970s (part I). The thesis focuses on the sociogenesis of critical concepts and its patterning of precarity and exclusion (parts I and II). Based on these studies, the author proposes a critical theory of precarity as a phenomenon linked to the neo-liberalization of the structures of developed capitalist states and as a concept capable of grasping a reality (diagnostic) as well as categorizing the social (ideological) world. Finally, the thesis leads to an understanding of the problem of the „precarious“ population in the light of a philosophy of misery and sees in neoliberal precarity an organization of dispossession, in the Marxist sense of the term (part III). In other words, the “precarious” population is conceived above all as dispossessed. The development of autonomous collective projects is thus seen as consequence of this dispossession and offers fertile ground for political reflection.;
Cette thèse s’inscrit dans le champ de la philosophie sociale et s’inspire plus particulièrement de la tradition de la Théorie critique allemande et de son orientation pluridisciplinaire. Son objet concerne la précarité critique, tant le problème que cherche à saisir ce concept que le concept critique lui-même. Une quarantaine d’années après l’apparition des mots de la précarité (« précaire », « précarité », « précarisation », « précariser », « précariat ») et leurs premières études, la littérature sociologique sur le sujet est considérable. On constate en effet que l’envers de la flexibilité néolibérale – la précarité – a inspiré de nombreux travaux aux problématiques et aux échelles variées. Ceux-ci convergent majoritairement vers une conceptualisation de la précarité comme « pathologie sociale », menaçant la cohésion de la société dans son ensemble et menaçant les « précaires » d’exclusion. À cette lecture de la précarité, la thèse présentée trouve des invisibles, des angles morts et, globalement, des limites, à commencer par la difficulté à discerner la frontière entre la flexibilité positive et la précarité négative du travail. Notre étude critique consiste d’abord à remettre en question une telle analyse « pathologique » de la précarité, devenue véritable représentation collective sur le sujet. La thèse explore, à partir du cas français, l’histoire des transformations de l’organisation du travail et de la sécurité sociale à la charnière du fordisme et du post-fordisme. C’est à partir de ces transformations que sont formulés les premiers mots de la précarité en France dans les années 1970 (partie I). La thèse porte un intérêt tout particulier à la sociogenèse des concepts et des schèmes critiques de précarité et d’exclusion (partie I et II). À partir de ces études, elle propose une théorie critique de la précarité en tant que phénomène lié à la néolibéralisation des structures des États capitalistes développés et en tant que concept capable de saisir une réalité (diagnostique) tout comme de catégoriser le monde social (idéologique). Enfin, la thèse aboutit à une compréhension du problème des « précaires » à l’aune d’une philosophie de la misère et voit dans la précarité néolibérale une organisation de la dépossession, au sens marxiste du terme (partie III). Autrement dit, elle conçoit les « précaires » avant tout comme des dépossédés. Dans cette perspective, les projets d’autonomie de collectifs se développant nous apparaissent comme une conséquence de cette dépossession et la piste d’un projet politique possible.
FORSCHUNG
Forschungsthemen
(Dissertation) Prekarität als soziale Problematik und als kritischer Begriff und ihren Entwicklungen von den 1970er Jahren bis heute. Studie der Soziologie der Prekarität (Postdoc) "Gesellschaftliche Nützlichkeit und der Ort der Marginalität : Studie über ein Paradigma an der Schnittstelle zwischen Arbeit, Politik und Sozialwissenschaften";
(Thèse) La précarité en tant que nouvelle problématique sociale et objet de la critique sociale, émergés dans les années 1970-1980, et ses évolutions jusqu'à nos jours. Corpus d'étude principal : la sociologie de la précarité. (Projet postdoc) "L’utilité sociale et les places de la marginalité : Étude d’un prisme à la croisée du travail, du politique et de l’épistémologie sociale";
La précarité en tant que nouvelle problématique sociale et objet de la critique sociale, émergés dans les années 70-80. Après deux années de Master, durant lesquelles j’ai axé mon étude sur la philosophie sociale, à travers la tradition de la Théorie critique allemande notamment, le concept de précarité, central en sociologie et peu voire non-traité en philosophie, m’est apparu comme un nouveau terrain de recherche intéressant pour la philosophique sociale critique. En effet, toujours conceptualisé comme une « pathologie sociale » de la société dite « néolibérale », le concept de précarité n’a jamais été réellement interrogé à l’intérieur des discours et des représentations en tant que nouvelle problématique sociétale et sociale. Après deux ans de recherche, inspirés autant par la sociologie française, très riche en études et littérature sur la précarité, et la philosophie française, celle qui s'intéresse à l’analyse de discours en particulier, que par la philosophie allemande et tout particulièrement la tradition de la Théorie critique, au centre de ma formation doctorale à Berlin, mon projet de recherche s’est orienté vers une hypothèse forte : la précarité (la vie précaire) correspond à une norme négative du néolibéralisme.
Stipendium
2013/2016 – Contrat Doctoral de l’Université Grenoble Alpes 2017 – Bourse doctorale du CMB de 4 mois 2018 – Bourse doctorale du CMB pour la fin de thèse (4 mois) 2018 – Soutien financier de l’UFA/DFH à la soutenance en cotutelle 2018 – Bourse de recherche postdoctorale de 3 mois. Titre du projet : « Comment se construisent les solidarités privées de ressources ? Ethnographie de collectifs solidaires appartenant à la scène alternative berlinoise » 2021 – Aide financière du CMB au développement du projet de recherche « “Solidarité” ou “adaptation” ? Une cartographie comparée des diagnostics de la “Corona-Gesellschaft” par la philosophie sociale » (Philo-Sol). Dépôt en mars 2022 en vue d’un financement ANR-DFG en collaboration avec Theodora Becker pour l’Institut für Sozialforschung de Francfort;
01.10.2013 – 30.09.2016 Contrat Doctoral de l’Université Grenoble Alpes 01.01.2016 – 30.04.2016 Bourse doctorale du CMB
Titel der Dissertation:
Prekarität, zwischen Ideologie und Organisierung der Enteignung; La précarité, entre invention idéologique et organisation de la dépossession; Sur les difficultés et le potentiel critique d'un concept de précarité en philosophie sociale
Institution der Dissertation:
Université Grenoble Alpes / Humboldt-Universität zu Berlin
Betreuer*in
Éric Dufour / Rahel Jaeggi
Publikationen
Januar 2025 : Repenser la précarité : entre flexibilité et dépossession, La Fresnaie-Fayel, Editions Otrante.
2019/2020 : Rezensionen für Dygest.
2019 : Article pour le numéro 28 d’Émulations. Revue des jeunes chercheuses et chercheurs en sciences sociales sur le thème « Précarité, précaires, précariat. Allers-retours internationaux ». Titre : « La “précarité” au prisme de l’exclusion : un schème dépolitisant ? »
2018 : « Sur la tradition », dans Où en sommes-nous avec la théorie esthétique d’Adorno ?, dir. Christophe David et Florent Perrier, Pontcerq, 2018. Traduction collective du texte d’Adorno « Über Tradition » avec Victor Frangeul, Katia Genel, Sara Minelli, Frank Müller, Salima Naït-Ahmed, Aurélia Peyrical, Jean Tain et Antonin Wiser.