Nathalie Moine ( CNRS / CMB)

Kommentar: Nazan Maksudyan (CMB)

Monument de papier, la collection de témoignages et de chants enregistrés sur plusieurs décennies en Arménie soviétique auprès de survivants du Génocide arménien est aussi, au moins virtuellement, un monument sonore.  Née à Alexandrie en 1934, l’ethnologue Verzhine Svazlian est parti à leur recherche à partir des années 1950, peu après la mort de Staline et dix ans après son propre « rapatriement » d’Égypte, alors que le thème était encore tabou dans l’espace public soviétique. L’article examine comment ces diasporas ont néanmoins conservé dans l’espace privé les mots mais aussi les chants portant la mémoire des multiples aspects du génocide, la douleur de la perte et du traumatisme, ainsi que l’ancrage dans diverses régions de l’Empire ottoman puis diverses expériences diasporiques antérieures au « rapatriement » en Arménie soviétique. Il montre aussi comment la collection, notamment par ses chants, reflète une mémoire politique plurielle conservée par les diasporas. Il termine précisément par la confrontation entre certains récits et chants de survivants du Génocide collectés par Verzhine Svazlian et les dossiers individuels de leurs auteurs, arrêtés et déportés après leur arrivée en Arménie soviétique, retrouvés dans les archives d’Erevan.

Pour ceux qui voudraient se familiariser avec cette collection consacrée au Génocide arménien, l’ouvrage est disponible en traduction anglaise ici :

https://hyetert.org/wp-content/uploads/2018/05/TheArmenianGenocide.pdf