Cécile Moreno | Doctorante associée

Ancien Membre
Pensées critiques au pluriel. Approches conceptuelles de la recherche en sciences sociales
Centre Marc Bloch, Friedrichstraße 191, D-10117 Berlin
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Institution principale : Université Paris Nanterre | Position : Professeur certifiée de philosophie, doctorante en Etudes théâtrales | Discipline : Histoire du théâtre , Philosophie |

Biographie

Actuellement doctorante en Etudes théâtrales, Cécile Moreno consacre son travail de thèse au metteur en scène, Patrice Chéreau. Il s'intitule « Les scènes hétérotopiques de Patrice Chéreau : lieux de quelles révolutions ? Théâtre Nanterre-Amandiers (1982/1990) ».

Professeur certifiée de philosophie, elle a notamment enseigné dans des établissements situés en zones d'éducation prioritaires en région parisienne, avant de rejoindre l'équipe professorale du Lycée Saint-Martin de France, à Pontoise, un des plus grands internats de France, qui accueille près de 1000 élèves. Elle vit aujourd'hui à Berlin, où elle continue à enseigner dans des établissements allemands.

Issue des classes préparatoires Hypokhâgne et Khâgne, qu'elle a suivies au Lycée Saint-Sernin, à Toulouse, elle reçoit les enseignements philosophiques de Monique Gomar et de Pascal Dupont. Titulaire d'une maîtrise de philosophie, menée sous la direction de Pierre Montebello, elle interroge la notion d'affirmation nietzschéenne à travers son expression symbolique au cœur de la trilogie mythologique Thésée, Ariane, Dionysos.

Étant sollicitée par le milieu journalistique, elle interrompt temporairement sa carrière universitaire pour travailler dans la presse écrite. Pendant huit ans, elle est journaliste pour des magazines régionaux et culturels, tels que Artistes Magazine ou L'Art Plein Cadre, appartenant aux Editions du Grand Palais. Elle est aussi correspondante à Paris, pour Centre-Presse, titre appartenant au groupe Le Monde. Dans le cadre de ces activités, elle fait la rencontre de Raoul Coutard, directeur de la photographie de la Nouvelle Vague, avec lequel elle entreprend la coécriture d'un ouvrage de mémoire, L'Impériale de Van Su, ou comment je suis rentré dans le cinéma en dégustant une soupe chinoise, paru en 2006 aux Editions Ramsay.

Passionnée par les arts du spectacle, théâtre et cinéma, elle décide de consacrer son Master 2 à une étude de La Dame aux Camélias, première mise en scène en français du metteur en scène est-allemand Frank Castorf, alors Intendant de la Volksbühne à Berlin.

Elle publie, en janvier 2018, aux éditions de la Société d'histoire de Nanterre, Tous les arbres ont des racines. Théâtre des Amandiers (1965/1982), les années fondatrices. Fruit de dix années de travail, cet ouvrage, préfacé par Richard Peduzzi, retrace de façon inédite la naissance de ce Centre dramatique national qui figure parmi les plus réputés de France et dispose d'une reconnaissance européenne et internationale. 

Attachée à la transversalité des sciences, Cécile Moreno conduit ses travaux de recherche, avec un regard à la fois de philosophe et d'historienne du théâtre. Elle est aussi particulièrement sensible à dynamiser ses approches grâce à une appréhension géographique de ses questionnements.

Sujet de recherche

Les scènes hétérotopiques de Patrice Chéreau, lieux de quelles révolutions ? (Théâtre Nanterre-Amandiers, 1982/1990)

En quoi le concept d’hétérotopie forgé par le philosophe Michel Foucault peut-il être pertinent pour accompagner la lecture de la présence et des œuvres de Patrice Chéreau à Nanterre ? De quelle manière les noyaux conceptuels, qui relèvent d’une définition de l’hétérotopie, invitent-ils à une traversée inédite des lieux à la fois réels et imaginaires de la fabrication des créations qu’il présente au Théâtre Nanterre-Amandiers, entre 1982 et 1990 : l’utopie située ; les espaces autres ;  les marges et les centres ; les lieux réels et imaginaires ; la disparition et la naissance ; la société et l’ordre des êtres et des choses ; la discipline et la contestation ; la résistance, le plaisir et la violence des corps ?

Après le festival de Spolète, le Piccolo Teatro de Milan, le Théâtre National Populaire de Villeurbanne, le Festspielhaus de Bayreuth, Patrice Chéreau est nommé en 1981 à la codirection du théâtre Nanterre-Amandiers. Il va bientôt s’installer dans un lieu qui n’est pas neutre, un lieu chargé d’histoire. Surgissant dans une forme de « no man’s land », abrité dans une succession de « lieux-dits » (tels que la Côte des Amandiers ou encore La Folie, ancien campus d’aviation militaire où s’est installée la Faculté de Lettres et de Droit de Nanterre, aujourd’hui l’Université Paris Nanterre), avant de devenir un « lieu commun », le passé du Théâtre Nanterre-Amandiers est traversé par cette question des espaces à vivre et à faire vivre, sur la scène comme au sein d’un territoire. En effet, né en 1965, à l’initiative de Pierre Debauche et de sa compagnie, sous une forme festivalière, épousant en 1968 la forme nouvelle du « théâtre de quartiers », le Théâtre des Amandiers « se sédentarise » dans un premier bâtiment, en 1969.  Néanmoins provisoire, il abrite une « maison de la culture » expérimentale, dirigée par Pierre Debauche et Pierre Laville, à laquelle se joint, en 1971, un « centre dramatique national » (CDN), qui est dirigé, à partir de 1974, par l’écrivain, XavierAgnan Pommeret. Ce n’est qu’en 1976, onze ans après sa naissance, cinq ans avant la nomination de Patrice Chéreau, que le Théâtre des Amandiers est inauguré dans le bâtiment qui l’abrite encore aujourd’hui, au 7, avenue Pablo-Picasso.  La complexité de son histoire - théâtre né sans lieu fixe, émergeant dans une ville de banlieue, industrielle et majoritairement ouvrière -, les enjeux géographiques et urbains dont sa naissance est témoin – l’expansion de Paris, la capitale, vers l’Ouest, avec notamment l’implantation du quartier de commerce La Défense – font du Théâtre des Amandiers, devenant avec Chéreau le « Théâtre Nanterre-Amandiers », un lieu singulier, dont les caractéristiques correspondent systématiquement à celles d’ « un espace hétérotopique », autrement dit à celles d’« une hétérotopie », telles que les définit le philosophe. À l’opposé de l’« utopia », non-lieu ou lieu qui n’existe pas, l’hétérotopie s’affirme comme une « utopie située », en marge d’un centre, et comme un territoire sur lequel vient se concrétiser un impensable, un improbable, un impossible, en tout cas une idée conventionnellement jugée irréalisable, un projet communément considéré comme défiant les lois de la réalité.  

Partant du constat suivant lequel, dès sa naissance en 1965, le Théâtre des Amandiers s’affirme comme un exemple pertinent d’espace hétérotopique, car il est à la fois un lieu en marge (à la périphérie de Paris et en résistance à son extension) et le lieu d’une utopie concrétisée, en l’occurrence celle de la décentralisation dramatique en banlieue, l’analyse entend interroger les intentions et le travail de Patrice Chéreau durant ses années nanterriennes.  Quel est donc ce lieu offert à Patrice Chéreau et son équipe ? De quelle manière vont-ils l’investir ? Comment envisager le             « projet Chéreau » qui s’y déploie ? Est-il le prolongement, la suite logique de l’hétérotopie constituée durant les seize années précédentes par les équipes en place, dont celles conduites par Pierre Debauche, fondateur du lieu ? Est-il son renouvellement, ou plus encore, l’avènement d’une nouvelle hétérotopie ? De quelle hétérotopie signerait-t-il alors la fin?  De quelles révolutions est-il le nom ? 

L’étude émet l’hypothèse selon laquelle la présence de Patrice Chéreau à Nanterre provoque un véritable choc des hétérotopies, sans qu’il n’y ait pour autant d’oppositions frontales, de « crime des hétérotopies ».  Nous nous proposons d’explorer des pistes de réponse à ces questions à travers l’examen du moment même de l’arrivée de Patrice Chéreau à la codirection du théâtre, de ses intentions à la lumière de la double mission qu’il assume, celle à la fois de codirecteur de l’établissement et de créateur, metteur en scène, et aussi par le biais d’une analyse des œuvres théâtrales et cinématographiques qu’il crée durant cette période de huit ans.  Une attention toute particulière est faite au tandem qu’il forme avec Richard Peduzzi. Décorateur, le peintre et sculpteur de formes et d’inventions scéniques qu’il est, crée, sur les scènes du théâtre, des espaces à caractère hétérotopiques, sensibles et poétiques, présents et imaginaires, que notre étude se propose de découvrir, guidée par son regard, son retour et son questionnement actuels sur leurs œuvres.   

Cécile Moreno   

Titre de la thèse

Les scènes hétérotopiques de Patrice Chéreau : lieux de quelles révolutions ? Théâtre Nanterre-Amandiers (1982/1990)

Institution de la thèse
Université Paris Nanterre (France)
Directeur de thèse
Jean-Louis Besson
Publications

Livres

-Tous les arbres ont des racines. Théâtre des Amandiers (1965-1982) : les années fondatrices, Éditions de la Société d’histoire de Nanterre, janvier 2018.

-L'Impériale de Van Su (ou comment je suis entré dans le cinéma en dégustant une soupe chinoise), coauteur avec Raoul Coutard, directeur de la photographie de la Nouvelle Vague. Éditions Ramsay, Avril 2007.

Articles récents

-« Ah Dieu ! que la guerre est jolie », in Bulletin n°46 « Quelle histoire ! », Société d’histoire de Nanterre (2015)

- « Du théâtre et des hommes : la naissance des « Amandiers » à Nanterre », in Bulletin n°34 « Quelle histoire ! », Société d’histoire de Nanterre (2014)

- « La naissance de la peinture en tube au XIXe siècle ». Dossier spécial, in Artistes Magazine, Grand Palais Éditions, Paris (avril 2010)

Communications

 La naissance du Théâtre des Amandiers ».

Radio Agora, Émission « Ondes Possibles ». Interview réalisée par Catherine Portaluppi.

En direct de la grande salle du Théâtre Nanterre-Amandiers, samedi 12 mai 2018

« Scénographie et mise en scène : Pierre Debauche sur les territoires de Nanterre et d’Agen ».

Rencontre avec Romain Fohr, scénographe, suivie d’un débat avec le public.

Librairie duThéâtre Nanterre-Amandiers, samedi 12 mai 2018

« Tous les arbres ont des racines. Théâtre des Amandiers (1965-1982), les années fondatrices ».

Conférence, suivie d’un débat avec le public.

Société d’histoire de Nanterre,

lundi 5 février 2018.

« 1966 : Ah Dieu! Que la guerre est jolie». Le théâtre des Amandiers, une hétérotopie sur le campus de la Folie ».

Kolloquium "50 Jahre Universität Paris West Nanterre La Défense",

Labex Vergangenheit in der Gegenwart .

Thema: "Wie mache ich die Geschichte von Nanterre?"

1. Geburten einer Universität (1964-1974). Eine studentische, kulturelle und militante Geschichte. "

Paris Nanterre University, Montag , 24. November 2014.