Mahaut Ritz | Chercheuse associée

Pensées critiques au pluriel. Approches conceptuelles de la recherche en sciences sociales
Centre Marc Bloch, Friedrichstraße 191, D-10117 Berlin
Email: mahaut.ritz  ( at )  cmb.hu-berlin.de Tél: +49(0) 30 / 20 93 70700

Position : Chercheuse associée | Discipline : Philosophie |

Biographie

Mahaut Ritz est chercheuse associée au Centre Marc Bloch et participe au pôle de recherche "Pensées critiques au pluriel". 

Après avoir étudié la philosophie à l'Université Grenoble Alpes et à la Freie-Universität de Berlin, Mahaut Ritz a effectué un doctorat en cotutelle sous contrat à l'Université Grenoble Alpes et à la Humboldt-Universität de Berlin. Elle a soutenu sa thèse en français et en allemand le 26 octobre 2018 sous le titre suivant : « La précarité, entre invention idéologique et organisation de la dépossession ».

Elle poursuit ses recherches à la croisée de la philosophie sociale et de l'épistémologie des sciences sociales. En 2021, elle participe notamment à l'écriture d'un projet sur le sens du travail en vue d'une demande de financement ERC. En 2022, elle dépose avec Theodora Becker pour l'Institut für Sozialforschung un projet ANR-DFG intitulé « “Solidarité” ou “adaptation” ? Une cartographie comparée des diagnostics critiques de la “Corona-Gesellschaft” par la philosophie sociale ».

Au semestre d'été 2019, elle donne un cours d'introduction à la socio-histoire à l'Institut de sciences sociales de l'Université Humboldt de Berlin en collaboration avec Claire Tomasella.

Elle a intégré au printemps 2022 le comité de rédaction de la revue Trajectoires du Ciera.

Sa thèse paraîtra dans le courant de l'année 2023/2024.

Bourse

2013/2016 - Contrat Doctoral de l'Université Grenoble Alpes 

2017 - Bourse doctorale du CMB de 4 mois

2018 - Bourse doctorale du CMB pour la fin de thèse (4 mois)

2018 - Soutien financier de l'UFA/DFH à la soutenance en cotutelle

2018 - Bourse de recherche postdoctorale de 3 mois. Titre du projet : « Comment se construisent les solidarités privées de ressources ? Ethnographie de collectifs solidaires appartenant à la scène alternative berlinoise »

2021 - Aide financière du CMB au développement du projet de recherche « “Solidarité” ou “adaptation” ? Une cartographie comparée des diagnostics de la “Corona-Gesellschaft” par la philosophie sociale » (Philo-Sol). Dépôt en mars 2022 en vue d’un financement ANR-DFG en collaboration avec Theodora Becker pour l'Institut für Sozialforschung de Francfort

Sujet de recherche

La précarité en tant que nouvelle problématique sociale et objet de la critique sociale, émergés dans les années 70-80. 

Après deux années de Master, durant lesquelles j’ai axé mon étude sur la philosophie sociale, à travers la tradition de la Théorie critique allemande notamment, le concept de précarité, central en sociologie et peu voire non-traité en philosophie, m’est apparu comme un nouveau terrain de recherche intéressant pour la philosophique sociale critique. En effet, toujours conceptualisé comme une « pathologie sociale » de la société dite « néolibérale », le concept de précarité n’a jamais été réellement interrogé à l’intérieur des discours et des représentations en tant que nouvelle problématique sociétale et sociale. Après deux ans de recherche, inspirés autant par la sociologie française, très riche en études et littérature sur la précarité, et la philosophie française, celle qui s'intéresse à l’analyse de discours en particulier, que par la philosophie allemande et tout particulièrement la tradition de la Théorie critique, au centre de ma formation doctorale à Berlin, mon projet de recherche s’est orienté vers une hypothèse forte : la précarité (la vie précaire) correspond à une norme négative du néolibéralisme. 

(cotutelle)
Titre de la thèse
La précarité, entre invention idéologique et organisation de la dépossession
Résumé de la thèse

Cette thèse s’inscrit dans le champ de la philosophie sociale et s’inspire plus particulièrement de la tradition de la Théorie critique allemande et de son orientation pluridisciplinaire. Son objet concerne la précarité critique, tant le problème que cherche à saisir ce concept que le concept critique lui-même.

Une quarantaine d’années après l’apparition des mots de la précarité (« précaire », « précarité », « précarisation », « précariser », « précariat ») et leurs premières études, la littérature sociologique sur le sujet est considérable. On constate en effet que l’envers de la flexibilité néolibérale – la précarité – a inspiré de nombreux travaux aux problématiques et aux échelles variées. Ceux-ci convergent majoritairement vers une conceptualisation de la précarité comme « pathologie sociale », menaçant la cohésion de la société dans son ensemble et menaçant les « précaires » d’exclusion. À cette lecture de la précarité, la thèse présentée trouve des invisibles, des angles morts et, globalement, des limites, à commencer par la difficulté à discerner la frontière entre la flexibilité positive et la précarité négative du travail. Notre étude critique consiste d’abord à remettre en question une telle analyse « pathologique » de la précarité, devenue véritable représentation collective sur le sujet.

La thèse explore, à partir du cas français, l’histoire des transformations de l’organisation du travail et de la sécurité sociale à la charnière du fordisme et du post-fordisme. C’est à partir de ces transformations que sont formulés les premiers mots de la précarité en France dans les années 1970 (partie I). La thèse porte un intérêt tout particulier à la sociogenèse des concepts et des schèmes critiques de précarité et d’exclusion (partie I et II). À partir de ces études, elle propose une théorie critique de la précarité en tant que phénomène lié à la néolibéralisation des structures des États capitalistes développés et en tant que concept capable de saisir une réalité (diagnostique) tout comme de catégoriser le monde social (idéologique). Enfin, la thèse aboutit à une compréhension du problème des « précaires » à l’aune d’une philosophie de la misère et voit dans la précarité néolibérale une organisation de la dépossession, au sens marxiste du terme (partie III). Autrement dit, elle conçoit les « précaires » avant tout comme des dépossédés. Dans cette perspective, les projets d’autonomie de collectifs se développant nous apparaissent comme une conséquence de cette dépossession et la piste d’un projet politique possible.

Institution de la thèse
Université Grenoble Alpes / Humboldt-Universität zu Berlin
Directeur de thèse
Éric Dufour / Rahel Jaeggi

La précarité, entre invention idéologique et organisation de la dépossession

Ce projet de recherche s’inscrit dans le champ de la philosophie sociale et s’inspire plus particulièrement de la tradition de la Théorie critique allemande et de son orientation pluridisciplinaire. Son objet concerne la précarité critique, tant le problème que cherche à saisir ce concept que la critique elle-même. 

Une quarantaine d’années après l’apparition des premiers mots de la précarité et après ses premières études, la littérature sociologique sur le sujet est considérable. On constate que l’envers de la flexibilité néolibérale a inspiré de nombreux travaux aux problématiques et aux échelles variées. Ceux-ci convergent majoritairement vers une conceptualisation de la précarité comme « pathologie sociale » menaçant la cohésion de la société et menaçant les « précaires » d’exclusion. Notre étude critique consiste d’abord à remettre en question cette lecture de la précarité, devenue véritable représentation collective sur le sujet. 

Ce projet explore, à partir du cas français, l’histoire des transformations de l’organisation du travail et de la sécurité sociale à la charnière du fordisme et du post-fordisme, ayant conduit à formuler les premiers mots de la précarité dans les années 1970. Repartant également de la sociogenèse des concepts et schèmes critiques de précarité et d’exclusion, il propose une théorie critique de la précarité en tant que phénomène lié à la néolibéralisation des structures des États capitalistes développés et en tant que concept capable de saisir une réalité (diagnostique) tout comme de catégoriser le monde social (idéologique). Il aboutit à une compréhension du problème des « précaires » à l’aune d’une philosophie de la misère et voit dans la « précarité néolibérale » une organisation de la dépossession. 

Publications

A paraître : Thèse de doctorat, La Fresnaie-Fayel, Editions Otrante.

Entre 2019/2020 : Rédaction de nombreux comptes-rendus de lecture pour Dygest.

Février/Mars 2019 : Article pour le numéro 28 d’Émulations. Revue des jeunes chercheuses et chercheurs en sciences sociales sur le thème « Précarité, précaires, précariat. Allers-retours internationaux ». Titre : « La “précarité” au prisme de l’exclusion : un schème dépolitisant ? »

Décembre 2018 : « Sur la tradition », dans Où en sommes-nous avec la théorie esthétique d’Adorno ?, dir. Christophe David et Florent Perrier, Pontcerq, 2018. Traduction collective du texte d’Adorno « Über Tradition » avec Victor Frangeul, Katia Genel, Sara Minelli, Frank Müller, Salima Naït-Ahmed, Aurélia Peyrical, Jean Tain et Antonin Wiser.