Paradoxalement, même après l'industrialisation occidentale, le bois est resté un matériau indispensable. L'historien Jean-Baptiste Fressoz parle même de « symbioses énergétiques », par exemple entre le bois et le charbon à partir du XIXe siècle et entre le bois et le pétrole à partir du XXe siècle. Les tendances à la modernisation visant à faire du bois la matière première de la croissance sont même particulièrement perceptibles depuis l'entre-deux-guerres. Au vu des inquiétudes quant à la compétitivité de la filière-bois allemande après la Première Guerre mondiale puis de la prétention des politiciens et des fonctionnaires nazis des années 1930 à supprimer la dépendance de l'Allemagne vis-à-vis du pétrole étranger grâce à l'industrialisation du bois, la question se pose de savoir dans quelle mesure l'entre-deux-guerres en Allemagne a été un point de départ pour cette histoire de modernisation. Avant et après la Seconde Guerre mondiale, de nombreux scientifiques, ingénieurs, acteurs économiques et politiques allemands se sont efforcés, d'une part, de valoriser le bois dans différents secteurs industriels (construction, meubles, énergie, transports, papier et carton) et, d'autre part, d'assurer un approvisionnement en bois plus abondant aux niveaux national et mondial. Il convient d'étudier la manière dont les projets de grande envergure de l'entre-deux-guerres ont été diversement mis en œuvre après la Seconde Guerre mondiale en Allemagne de l'Ouest et de l'Est, entre recherches scientifiques et techniques, stratégies politiques et conflits environnementaux.