Dr. Ayse Yuva | Chercheuse associée
Institution principale
:
Université Paris 1
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Position
:
chercheuse associée
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Discipline
:
Philosophie
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Biographie
Depuis septembre 2020, je suis maîtresse de conférences en philosophie à l'université Paris 1 Panthéon-Sorbonne et chercheuse associée au Centre Marc Bloch.
Durant la rédaction de ma thèse, soutenue en 2010 et qui a obtenu le prix de thèse du Ciera, j'ai été allocataire-monitrice puis ATER à l'université Paris 1. Après cela, j'ai été post-doctorante entre la France et l'Allemagne. J'ai ainsi participé au projet ANR/DFG Aisthesis. Histoire d'un transfert franco-allemand, sous la direction d'E. Décultot, entre 2011 et 2013. J'ai été lauréate, entre autres, de la Bourse Clemens Heller en 2013-2014, d'une bourse de recherche de l'université de Halle ainsi que de l'université Bordeaux Montaigne, et ai travaillé comme ATER à l'université de Lorraine entre 2014 et 2016. J'ai également effectué un séjour de recherches au CEFRES, à Prague, en 2017. Agrégée de philosophie, j'ai une expérience d'enseignement de la philosophie dans le secondaire. Enfin, je suis diplômée de Sciences-Po Paris.
Sujet de recherche
Philosophie française, allemande et turque de la seconde moitié du XVIIIe siècle et du XIXe siècle.
Philosophie politique: le problème "théorie et pratique", la notion d'opinion publique et les différentes façons de conceptualiser la pensée collective, politiques de la philosophie. La notion "d'Europe philosophique"
Philosophie de l'histoire: les différentes façons d'écrire l'histoire et le rapport entre les philosophies de l'histoire et l'histoire de la philosophie. L'héritage des Lumières dans une perspective de transferts culturels et l'histoire transnationale de la catégorie de "matérialisme".
Philosophie de l'éducation: Les projets de réformes des systèmes d'enseignement au XIXème siècle
Titre de la thèse
L'efficace de la philosophie en temps de révolution: principes de gouvernement, enseignement et opinion publique en France et en Allemagne (1794-1815)Résumé de la thèse
Transformer le monde ? L'efficace de la philosophie en temps de révolution (France-Allemagne, 1794-1815) [Die Welt ändern ? Die Wirksamkeit der Philosophie in revolutionären Zeiten (Frankreich-Deutschland, 1794-1815].Paris. Éditions de la Maisons des Sciences de l'Homme. 340 Seiten.
Dieses Buch ist meine Dissertation, die den Preis des Centre interdisciplinaire de recherche sur l’Allemagne (CIERA) erhielt. Diese Arbeit ist ein Beispiel für meine vergleichende philosophische Textanalyse. Die einzelnen Kapitel widmen sich der Frage, was der Gemeinplatz, dass die Französische Revolution durch die Schriften der Philosophen verursacht worden und mithin philosophischer Natur sei, uns über die politische Wirkung von Philosophie sagt: konkret vermittels der Regierungsprinzipien, der Lehre in Schulen und Universitäten und der Verbreitung im öffentlichen Diskurs. Das Buch konzentriert sich auf die Zeit nach der Terreur und hinterfragt den Topos, demnach die Deutschen einer philosophischen Revolution, die Franzosen hingegen einer politischen fähig seien. Insofern versucht meine Arbeit die vielfältigen Wege aufzuzeigen, wie die Welt durch die Philosophie nicht nur interpretiert, sondern auch verändert werden kann.
Institution de la thèse
Directeur de thèse
Projets
Les frontères philosophiques de l'Europe au XIXe siècle (France, Allemagne, espace turco-ottoman)
A partir des années 1780, les frontières à la fois épistémologiques et culturelles de la philosophie ont souvent été identifiées à celles de l’Europe. Ce projet examine ce problème, souvent réduit à tort à la question des origines grecques ou orientales de la philosophie, à partir d'un corpus d'auteurs français, allemands et turco-ottomans du XVIIIe et du XIXe siècle. Il cherche à analyser : 1) la présence de critères de délimitation politique et culturelle dans des entreprises d’historicisation qui cherchent pourtant à démarquer l’histoire de la philosophie de celle d’autres phénomènes spirituels. 2) le rapport entre l’Europe politique et l’Europe philosophique et particulièrement celui établi dans les textes entre la paix et le conflit dans le domaine philosophique d’un côté, théologico-politique de l’autre. L'hypothèse proposée est que l’Europe philosophique est délimitée comme un espace non seulement de paix, mais de conflit entre des positions jugées légitimes, l’admission même dans le débat constituant une forme de reconnaissance. C’est pourquoi ce projet inclut des textes venus d’espaces classés comme extérieurs aux débats philosophiques européens, malgré la lecture que l’on y fait dès la moitié du XIXe siècle de textes « européens ». 3) L’identification privilégiée de la philosophie européenne avec la philosophie des Lumières et le matérialisme. Ces doctrines, considérées par leurs adversaires comme un ferment de discorde spirituelle et politique, sont souvent rejetées du côté de « l’étranger ». Pourtant, elles sont aussi, dans l'espace turco-ottoman, l'un des principaux aspects par lesquels la philosophie du XVIIIe siècle, et même la philosophie « occidentale » en général, sont reçues. Ce projet conduir à examiner en quoi la philosophie des Lumières, notamment dans sa composante matérialiste, en est venue paradoxalement à apparaître comme la quintessence d'une certaine délimitation voire domination de l'Europe vis-à-vis d'autres régions du monde.
Les frontières de l'Europe et la paix philosophique aux XVIIIe et XIXe siècles
L’identification de la philosophie à un savoir et une discipline « européenne » a donné lieu à de nombreuses critiques de l’européocentrisme, sans que cette appartenance culturelle de la philosophie et, réciproquement, cette idéalisation du concept d’Europe, ne soient réellement élucidées. Ce projet a pour but d’analyser ces géographies théoriques dans une perspective historique et transnationale, incluant des auteurs situés hors d’Europe.
Trois problèmes seront ici mis en avant :
1) Premièrement, il s’agit d’interroger des géographies théoriques, un partage entre l’Europe et ses autres qui semblent marqués du sceau de l’évidence. Mais je ne souhaite pas en rester à une critique de l’européocentrisme : il s’agit de réinventer la perception de la philosophie européenne et de son histoire depuis ses limites, pour en redéfinir les frontières culturelles et disciplinaires. Outre des auteurs français et allemands, entre lesquels les échanges à ce sujet sont nombreux, j’inclus donc dans mon corpus des auteurs turcs du XIXe siècle qui ont lu et traduit la philosophie dite « européenne ». A travers ces auteurs, je souhaite établir l’impossibilité d’assigner à l’Europe, tout comme à la philosophie, des frontières fixes ou conçues comme des lignes de faille. Certes, les auteurs turcs, loin de se situer dans un espace cosmopolitique neutre de discussion, prennent acte de l’existence de frontières en philosophie, mais en redéfinissent la teneur: je souhaite ainsi montrer que la césure entre des auteurs occidentalistes partisans d’une ouverture aux philosophies « étrangères » et les tenants d’une tradition islamique endogène, n’est pertinente ni philosophiquement ni historiquement. L’intérêt de ce corpus, outre le fait qu’il a été très négligé alors même qu’il émane d’un Etat central pour réfléchir aux frontières de l’Europe, est qu’il permet de déconstruire l’homogénéité de ce qu’on serait tenté d’appeler « philosophie islamique », en même temps qu’il remet en cause la simplicité de l’alternative entre promotion ou rejet de « l’occidentalisation ». L’appropriation par les auteurs turcs de la philosophie dite « européenne » consiste dès lors non en une négation des frontières, mais en un brouillage constant de celles-ci, par de nouveaux récits : ces auteurs font par exemple de la philosophie arabe l’ancêtre des Lumières européennes, ou bien de Voltaire un défenseur inattendu de l’islam.
2) Je suis donc amenée à questionner plus spécifiquement l’identification de l’Europe aux Lumières, et dans une certaine mesure, au matérialisme. Cette identification a d’ailleurs tout d’un paradoxe si on se souvient que Lumières et matérialisme sont encore, au XIXe siècle, jugés subversifs notamment en France et en Allemagne en raison de leur association avec l’athéisme. Mais pour de nombreux auteurs turcs matérialistes du XIXe siècle, le matérialisme scientiste est conçu comme le moteur du développement de l’Europe et de sa supériorité technique, politique et économique. Pour autant, l’appropriation du matérialisme européen ne revient pas, pour eux, à aliéner leur identité. Je cherche ainsi à renouveler, grâce à une approche transnationale, l’analyse du rapport entre les Lumières et l’Europe, les Lumières et l’islam.
3) Enfin, troisièmement, j’aimerais analyser en quoi l’Europe constitue un cadre spécifique pour penser les conflits philosophiques, en rapport avec les conflits religieux et politiques. Comme l’exemple paradigmatique des Lumières et du matérialisme le montre, les querelles philosophiques, bien qu’elles ne possèdent pas une portée directement politique, suscitent des réflexions sur le rapport entre réconciliation philosophique et unité spirituelle au sein de la société. Paix et querelles philosophiques sont théorisées selon des modèles souvent similaires à la paix et les querelles théologico-politiques. Or le cadre européen se distingue du cadre national en ce qu’il est conçu comme intrinsèquement pluriel. Des modèles comme celui de la famille ou de la communauté servent certes souvent à penser une certaine clôture de l’Europe. Mais l’hypothèse poursuivie par ce projet est que l’Europe philosophique est délimitée comme un espace de débats, voire de querelles néanmoins intégratrices entre des acteurs jugés légitimes. L’ambition de ce projet, en montrant comment certaines querelles ont été réinterprétées de part et d’autre des frontières de cette dernière, est donc de remettre en cause une démarcation étanche entre intérieur et extérieur de l’Europe.
Hegel and Schelling in Early Nineteenth-Century France. Volumes 1,2
23 avril 2024Ayse Yuva , Kirill Chepurin, Adi Efal-Lautenschläger, Daniel Whistler, Ayşe Yuva
International Archives of the History of Ideas Archives
Edition: Springer Cham
Collection: International Archives of the History of Ideas Archives
ISBN: 978-3-031-39328-0
L'histoire du Hegel français n'a certes pas commencé avec Wahl et Kojève: Hegel and Schelling in Early Nineteenth-Century France est un ouvrage en deux volumes qui examine la réception française de Hegel et Schelling en France entre 1801 et 1848. Outre des traductions d'extraits inédits en langue anglaise, le premier volume présente une introduction à cette histoire transnationale où des philosophes tels que Cousin, Leroux, Proudhon, Quinet, Ravaisson, Vera, et d'autres figures plus négligées comme Lerminier, Barchou de Penhoën, Bénard, Lèbre, Willm etc. ont joué un rôle majeur. En montrant comment ces auteurs ont repris, transformé ou rejeté les concepts de l'idéalisme allemand, l'ouvrage vise à dépasser un récit de l'histoire de la philosophie centré sur un cadre national. Dans le deuxième volume, on trouvera un certain nombre d'études soulignant les enjeux de ces échanges.
Lien pour le volume 1 / Lien pour le volume 2
Published: 30 November 2023
La Perfectibilité de l’homme Les Lumières allemandes contre Rousseau ?
16 mai 2022Ayse Yuva , Emmanuel Hourcade, Charlotte Morel
Philosophical Texts 19
Edition: Classiques Garnier
Collection: Philosophical Texts 19
ISBN: 978-2-406-12255-5
La perfectibilité de l'homme. Les Lumières allemandes contre Rousseau? (Classiques Garnier, 2022)
L’Aufklärung allemande s’est réapproprié polémiquement le concept rousseauiste de perfectibilité, souvent avec d’importants déplacements. Théologie, philosophie, histoire naturelle, pédagogie, anthropologie concourent à un débat critique par lequel cette anthologie montre la pluralité des Lumières.
Materialism and Politics
02 mars 2021Ayse Yuva , Bernardo Bianchi , Emilie Filion-Donato, Marlon Miguel
Collection: Cultural Inquiry
ISBN: 978-3-96558-018-3
What remains of materialism’s subversive potential — i.e., its ties with heresy or atheism and republicanism or communism — and to what extent does this concept still interpellate us politically and philosophically?
As neoliberal policies expanded far beyond the state, their mechanisms of control seeped into the materiality of social reproduction, solidifying a conception of matter as something inert, to be appropriated, manipulated, and exploited. If in this context the subversive nature of a reference to materiality is called into question, it has also provoked new forms of resistance, as well as fundamental reconsiderations of the political implications of the notion of ‘matter’.
Against this background, the aim of this book is to show the diversity within continued engagements with materialism as a central concept for progressive politics, be it in the direction opened up by New Materialism, in renewed forms of Marxist and Spinozist based approaches, or in feminist analyses, each in their own terms, without excluding the possibility of alliances between them.
Finally, this volume insists that the study of materiality and materialist approaches does not amount to a renunciation of philosophy, but rather urges us to broaden the task of philosophical thought in order to reconsider the historical and, in every sense of the word, material situatedness of all philosophical problems. Against a reductive and ahistorical conception of materialism — the straightest way back to ideology —, this book offers an analysis of its diverse emancipatory potentialities.
Transformer le monde? L'efficace de la philosophie en temps de révolution (France-Allemagne, 1794-1815)
01 juillet 2016Ayse Yuva
Collection: Bibliothèque allemande
ISBN: 978-2-7351-2096-3
A aucun moment peut-être plus que pendant la Révolution française, on n'a cru au pouvoir de la philosophie à transformer le monde. 1789, préparé par les écrits des philosophes des Lumières, devait ouvrir la voie à l'application, la réalisation de principes philosophiques dans le gouvernement des hommes. La révolution puis la république seraient l’œuvre de la philosophie.
Ce livre a pour but d'explorer ce lieu commun, en refusant de le considérer comme une illusion insignifiante. Il vise à reprendre l'enquête en amont : que veut-on dire lorsque l'on parle de la nature « philosophique » de la révolution, des rapports de la théorie à la pratique, ou des dangers politiques de l'abstraction philosophique ? Quelles définitions de la philosophie et de la politique cela suppose-t-il ? En choisissant d'éclairer les uns par les autres des textes français et allemands, où se croisent des traditions philosophiques distinctes, c'est aussi un autre lieu commun que ce livre met à mal, celui d'une Allemagne qui penserait la révolution sans chercher à l'accomplir, et d'une France qui l'accomplirait sans la penser.
Ce livre se penche particulièrement sur le moment qui suit la Terreur et qui, loin de sonner l'heure du retrait de la philosophie, voit le rôle de cette dernière âprement défendu, que ce soit dans les principes de gouvernement, l'enseignement ou les discours publics. On peut cependant se demander si accorder un rôle politique à la philosophie revient à transformer un magistère intellectuel en autorité politique. Or la force transformatrice de la philosophie réside aussi peut-être dans ses rapports avec certaines formes de pensée collective.
Ainsi, loin de s'être contentés d'interpréter le monde, les acteurs de cette époque ont bien visé, par la philosophie, à le transformer.
France-Allemagne. Figures de l'intellectuel, entre révolution et réaction (1780-1848)
15 mai 2014Ayse Yuva , Anne Baillot
De la mort de Voltaire à la révolution de 1848, les savants, philosophes et écrivains redéfinissent leur rôle politique, dans le sillage d'une Révolution française perçue comme étant l’oeuvre des philosophes. Les intellectuels s’interrogent sur les effets politiques de leurs textes, les conditions d’une participation aux charges administratives et éducatives, de leur fonctionnarisation ou d’une prise de parole qui touche un public plus large que le cercle savant.
À rebours d’une histoire qui les présente en héros sous la forme de l’opposant ou du grand écrivain, les études réunies ici mettent en lumière les rapports de force inhérents aux réseaux d’intellectuels et les conceptions parfois divergentes qu’ils développent, notamment sur la pureté du savoir théorique. À travers l’étude de certaines figures marquantes telles que Johann Gottlieb Fichte ou Germaine de Staël, de réseaux comme celui des membres de l’Institut ou d’événements comme l’affaire des « sept de Göttingen », cet ouvrage éclaire aussi bien la dimension sociale que réflexive de ces prises de position politiques.
L’approche se veut ici pluridisciplinaire, associant analyses historiques, littéraires et philosophiques ; elle met en évidence les effets de miroirs entre intellectuels français et allemands, et revient sur la revendication de généalogies occasionnellement transfrontalières.
Publié avec le soutien du Centre interdisciplinaire d'études et de recherches sur l’Allemagne (CIERA).
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