Dr. Leyla Dakhli | Chercheuse
Ancien Membre
Institution principale
:
CNRS
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Position
:
Chargée de recherche
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Discipline
:
Histoire
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Biographie
Née en 1973 à Tunis, Leyla Dakhli est docteure et agrégée en histoire, spécialiste de l’histoire intellectuelle et sociale du monde arabe contemporain. Chercheure associée à la Chaire d’histoire du monde arabe contemporain au Collège de France de 2004 à 2008, elle a enseigné à l’université d’Aix-Marseille, à Paris I-Sorbonne, et animé un séminaire sur l’histoire des journalistes à l’Ecole des Hautes études en sciences sociales. Elle est actuellement Chargée de recherche au CNRS, affectée au Centre Marc Bloch (Berlin).
Membre du comité de rédaction de la revue d’histoire Le Mouvement social, de la International Review of Social History (Amsterdam) et de la revue en ligne La Vie des idées, membre du conseil scientifique de la BULAC (Bibliothèque universitaire des langues et civilisations, Paris), elle est aussi fondatrice de la Société européenne des auteurs (www.seua.org), qui promeut la traduction littéraire en Europe et dans le monde et de la plateforme pour la traduction Tlhub (www.tlhub.org).
Elle a été chargée des événements publics pour La République des idées (2009-2011), chroniqueuse aux « Matins » de France Culture en 2011 et pour le journal "Libération" en 2013-2014.
https://hu-berlin.academia.edu/LeylaDAKHLI
Sujet de recherche
- Histoire contemporaine des intellectuels arabes (1908 à nos jours)
- histoire sociale et culturelle des mondes arabes: mouvements, exils, langues et circulations
- Histoire des mouvements sociaux et des mobilisations à travers leurs répertoires d'actions et leurs circulations
Institution de la thèse
Directeur de thèse
Projets
1. Histoire sociale des intellectuels arabes : le cas de la Tunisie depuis la fin des années 1960
Quels vecteurs de formation, d’émancipation ? Quel rôle jouent les intellectuels dans la société tunisienne après l’indépendance ? Comment se modifient le rôle des intellectuels et leur statut ? Le récent « gouvernement de compétences» constitué après l’adoption de la nouvelle Constitution est un exemple éloquent du renouvellement des cadres politiques et des « compétences » dans le cadre de l’exercice d’une fonction politique. Qu’une vague révolutionnaire puisse aboutir à porter au pouvoir des personnes réputées pour être de bons technocrates peut paraître étonnant. L’analyse des parcours de formation des élites depuis l’indépendance et l’étude de moments spécifiques comme les politiques d’arabisation ou les évolutions du paysage éducatif peuvent permettre de mieux comprendre l’émergence de cette nouvelle élite libérale, née en contexte autoritaire. Cette histoire est très largement déterminée par les liens qui s’établissent entre l’ancienne puissance coloniale et la Tunisie, et entre l’Europe et le sud de la Méditerranée plus largement. Comprendre l’émergence de ces nouvelles élites nécessite de travailler à partir d’une histoire locale, celle des politiques scolaires et des stratégies éducatives des élites ; elle engage aussi un travail sur les coopérations et échanges universitaires et de formation entre l’Europe et la Tunisie, mais aussi entre la Tunisie et d’autres régions du monde comme l’Amérique du nord ou les pays du Golfe. Il s’agit aussi de cartographier les réseaux et les itinéraires des intellectuels tunisiens depuis l’indépendance pour comprendre comment ils s’insèrent dans la mondialisation des échanges.
Le travail sur ces questions nécessite d’approfondir la connaissance des sources tunisiennes (travail dans les archives nationales, entretiens menés avec des responsables des politiques d’arabisation, des linguistes, des universitaires), de la bibliographie en arabe, en français et dans d’autres langues (anglais, allemand, italien). Il faudra aussi travailler à partir des politiques d’accueil et d’aide aux étudiants étrangers dans les pays européens à partir d’archives et de documents, le plus souvent accessibles en ligne sur les sites de l’Union européenne.
L’étude de la formation et de la transformation des élites sera envisagée en lien avec un travail sur les années 1960-1970 en Tunisie, notamment sur les générations intellectuelles et militantes en place dans les grands mouvements de 1968 et 1978. Le lien entre la répression des mouvements sociaux de gauche et la mise en place d’une politique d’arabisation par Bourguiba doit être analysé ; tout comme le lien entre arabisation et islamisation doit être compris et éventuellement déconstruit par l’analyse des mécanismes de remplacement d’une génération militante par une autre, par des changements aussi dans les références et les définitions de soi d’élites intellectuelles de plus en plus divisées. Les années 1968-2011 sont un terrain d’observation particulièrement passionnant sur le terrain tunisien.
2. Archives, humanités digitales et traduction
2.1. Les révolutions arabes ont été le lieu d’un mouvement qui peut sembler paradoxal : le travail sur des sources immédiates et complexes issues de l’internet et notamment des réseaux sociaux / et la réhabilitatioin de l’histoire comme discipline apte à rendre compte de ces mouvements révolutionnaires. C’est l’occasion de réfléchir à l’articulation entre le travail sur les archives, la méthodologie et l’outillage critique que l’on peut leur appliquer dans le contexte de production massive de documentation. C’est aussi, pour les spécialistes d’histoire sociale et d’histoire des réseaux humains, l’occasion de mener une réflexion, ancrée historiquement, sur les pratiques d’échanges, sur les usages de ces technologies et leurs effets sur les groupes humains, qu’ils soient mobilisés dans un mouvement révolutionnaire ou simplement « en présence » via le réseau. Quel type d’écriture historique permet de comprendre et de rendre compte de ces sociabilités nouvelles ? Enfin, ce qui circule sur internet, par les réseaux sociaux, les plateformes de partage, les échanges électroniques ou les blogs est un matériau original : il est à décrypter dans une histoire des formes littéraires, des usages de l’écrit. Les réflexions que l’on peut mener sur l’usage des langues (arabe, langue étrangère, dialectes, mélanges créatifs de langues) s’articulent avec un travail sur les liens entre littérature et histoire, interrogeant, pour suivre la proposition de Judith Lyon-Caen et Dinah Ribard, « la littérature comme pratique sociale et mode de qualification des écrits », mais aussi en tentant de cerner et de qualifier des écrits non-littéraires, des formes non-langagières d’inscriptions dans l’espace politique (films, clips, chansons, danses, grafittis etc.).
2.2. Le travail mené avec la Société européenne des auteurs (www.seua.org) sur la traduction littéraire m’a conduite à interroger la place de la traduction l’espace intellectuel européen. Elle est évidemment non seulement importante, mais nécessaire. Elle n’est pourtant pas souvent envisagée dans toute sa nécessité, y compris dans le champ universitaire. Ainsi, les mobilisations que l’on a pu suivre contre la politique de digitalisation massive des œuvres par Google ont très rarement compris l’enjeu de cet accaparement de l’écrit pour le développement de machines de traduction (automatisée). La société européenne des auteurs a développé un outil – que j’ai contribué à imaginer – qui se présente comme un réseau social de la traduction. Il offre une possibilité d’utiliser l’espace du web pour faciliter la mise à disposition de traductions humaines, c’est-à-dire toujours en mouvement, objet de discussion, permettant de penser non une équivalence entre deux propositions mais bien un écart, une difficulté qui aide à penser et à comprendre. Cet outil s’appelle www.tlhub.org. Il doit être développé avec la communauté des chercheurs et mis à leur disposition selon un principe de liberté et de travail en coopération. Nous avons entamé des discussions avec le Cléo pour l’adaptation de l’outil sous la forme d’une « forge de traduction » pour les Carnets de recherche de hypothèses.org. Cette mise en place nécessitera de réfléchir aux usages, aux évolutions et aux modalités pratiques de cette adaptation. Traduire plus sur les plateformes de sciences humaines et sociales, notamment en Europe, ne peut que contribuer à enrichir les coopérations et à densifier les échanges.
3. Révolutions arabes : une approche comparatiste à plusieurs niveaux et échelles
3.1. Faire de l’histoire du temps présent
L’approche que j’ai des événements qui ont secoué le monde arabe depuis la fin de l’année 2010 est celle d’une historienne. Cela ne signifie en rien le repli sur une discipline mais le travail sur le présent avec les outils de l’historien. Ce travail implique un questionnement sur la chronologie des événements, les moments distincts qui les constituent, les différents acteurs qui y sont rassemblés avec leur g-histoire, la mémoire qu’ils portent, etc. Il me semble nécessaire de retracer des filiations, des liens, pour éclairer le moment révolutionnaire autrement. Le travail de filiation passe aussi par des ponts entre les périodes, les lieux et les disciplines. Le croisement d’éclairages différents permet de faire apparaître d’autres questions et d’autres angles d’approche. Ainsi, le travail avec des anthropologues, sur des objets apparemment très éloignés de la question des révolutions, peut nous engager à questionner les rapports sociaux de genre ou les ruptures générationnelle. C’est le cas du travail que j’ai engagé avec un groupe de collègues chercheurs en anthropologie sur les photos de famille dans le monde méditerranéen. Ayant pour ma part déjà travaillé sur les photos d’intellectuels dans le cadre de ma thèse, j’ai voulu travailler sur les évolutions de construction d’images familiales symboliques que sont les photos de mariage et de naissance ou circoncision depuis les années 1950 en Tunisie. Je me suis engagée dans cette perspective dans le groupe de recherche constitué dans le cadre du Labex Mediterranée, sous l’impulsion de Gilles de Rapper (CNRS-IDEMEC) à Aix en Provence (« La photographie de famille en Méditerranée, de l’intime au politique »).
3.2. Comparer au sein de l’espace arabe
Malgré la prudence nécessaire dans l’usage de l’expression « révolutions arabes », il semble nécessaire de continuer à travailler sur la parenté entre les différents épisodes révolutionnaires ou les crises populaires qui ont traversé la région. Car être attentif au spécificités locales, qu’elles soient nationales ou régionales, voire qu’elles portent sur des segments de la société (les jeunes, les femmes, les ouvriers, les paysans, les intellectuels), c’est aussi voir comment les sociétés du monde arabe sont liées. Ce que les médias ont souvent désigné de manière inappropriée par des métaphores médicales de « contagion révolutionnaire », comme s’il s’agissait d’une maladie, peut aussi être analysé en terme de circulation et d’échange culturels. C’est l’une des formes de l’espace arabe, un espace de discussion et de contestation commune. Le surgissement d’épisodes révolutionnaires en Tunisie, puis en Egypte, en Libye, au Yémen, en Syrie, mais aussi au Maroc, en Jordanie, à Bahrein, au Koweit… ne peut être considéré simplement comme une coïncidence. La parenté entre ces mouvements est un sujet d’interrogation et de recherche, qui nous force à travailler de manière collective, avec des spécialistes des différentes régions et à observer les points de circulation que sont les médias, l’espace du Net et les mondes en diaspora (DAKHLI, 2009 (2) ; DAKHLI 2013). Les spécialistes du monde arabe contemporain doivent développer des coopérations fortes pour se saisir de ce moment historique pour comprendre autrement l’espace qui les intéresse et sortir des clichés largement diffusés, qu’ils soient ceux d’une réinterprétation du nationalisme arabe « à la Nasser », d’une umma (communauté) islamique radicalisée et offensive, ou d’une grande discorde (fitna) entre sunnites et chiites. Ces différents éléments ne doivent pas être pris comme clé d’explication unique et un travail sur les jeunesses arabes, par exemple, ou sur les intellectuels et leur rôle, mais aussi sur les peuples en mouvement dans la région permet d’apercevoir d’autres points de comparaison possibles. C’est, dans le droit fil des travaux que j’ai menés ces dernières années, ce que je compte proposer à mes collègues à Berlin, poursuivant un travail engagé à propos de la jeunesse avec Isabel Schäffer de la Humboldt Universität.
3.3. Histoire de l'Europe, histoire du monde arabe: une histoire à reconnecter?
Enfin, les événements survenus dans le monde arabe ces dernières années, appellent plus que jamais à développer des coopérations avec des spécialistes d’autres régions et d’autres périodes. D’emblée, la comparaison avec les événements survenus lors de la chutes des systèmes autoritaires communistes vient à l’esprit. Le Centre Marc Bloch, avec le programme conduit sur les sciences sociales après 1989 et d’autres questionnements sur ces « transitions » est l’un des lieux où ces échanges et coopérations peuvent être conduits avec une grande richesse.
Mais c’est également sur le très contemporain que la comparaison s’impose. Les révoltes se multiplient en Europe, depuis les indignés jusqu’aux mouvements sociaux et contestataires en Bosnie et en Ukraine aujourd’hui. Ces mouvements sont naturellement très différents, mais ils mettent en jeu des méthodologies communes pour le chercheur et, surtout, reflètent un état de la révolte et des mouvements sociaux aujourd’hui où l’on retrouve des “ingrédients” communs : formes horizontales d’organisation, absence relative de leaders et d’idéologie, présence des formes d’organisation liées aux réseaux sociaux. Mais aussi, sur le plan thématique, présence forte des contestations liées à la corruption des dirigeants, à la captation démocratique et à la question de la dignité (ou de l’indignité, de l’indignation).
Enfin, on ne peut nier les effets d’interconnexion, de connaissance, et de dialogue (même dans l’opposition) entre ces mouvements, tout comme leur parenté générationnelle. Ces réflexions doivent être le point de départ d'une dynamique de recherche collective.
Organisation de manifestations
Sécession in Europa
Une exposition du 16 septembre au 10 octobre à l'Institut français, Berlin
Une performance le 23 septembre au Heimathafen Neukölln, Berlin
SECESSION est un projet sur le long cours qui se propose de contribuer à penser et façonner l’espace européen autour de la traduction, la migration et l’hybridation. Le projet a été conçu comme un travail de fiction collective, écrit, produit et mis en scène par des écrivains, universitaires et artistes de différents horizons. Les essais, articles et textes de fiction publiés ici contribuent au projet SECESSION. Ils constituent la genèse d’une archive artistique, littéraire, intellectuelle visant à documenter la contestation de l’ordre politique européen actuel.
SECESSION a pour point de départ une fiction : un mouvement populaire, un « peuple fantôme », a renversé les vieilles institutions de l’Europe et une assemblée de citoyens doit désormais rédiger une nouvelle constitution. Pendant que les débats gronderont au sein de la communauté d’artistes, universitaires et écrivains, SECESSION soutiendra une nouvelle conception de l’Europe : par-delà la critique, ce projet politique et poétique dessine une ligne entre un rêve déchu et l’espoir de construire une citoyenneté transnationale au XXIe siècle.
Projet itinérant, SECESSION voyagera à travers l’Europe pour présenter une série de performances et d’expositions, chacune différente de la précédente, au fur et à mesure que de nouveaux membres rejoindront l’assemblée pour y apporter leur voix.
La première assemblée de SECESSION se tiendra le 23 septembre 2014 à 19h au Heimathafen Neukölln, BERLIN. Une série de cartes dissidentes et d’installations créées pour l’occasion sera exposée du 16 septembre 2014 à la mi-octobre à l’Institut français de Berlin, sous le titre: "Deconstructing borders for a migrant Europe".
Activités
Coordination du séminaire "Migrations, territoires, sociétés"
(ERC) DREAM: DRafting and Enacting the Revolutions in the Arab Mediterranean. In Search for Dignity – from the 1950's until today
Download "CMB_DREAM_Flyer_FINAL_Online_Version.pdf"Le projet
A travers l’écriture de l’histoire que nous visons dans ce projet, nous souhaitons nous débarrasser de « l’immense condescendance de la postérité » (Thompson, 1963/1991 : 12) qui, en s’attachant à des métaphores comme celle dudit Printemps arabe ou aux théories de la mondialisation, tendent finalement à représenter les révolutions comme un « jouet de l’Histoire ». Car, prise comme un temps d’appropriation du politique par un peuple en constitution, la révolution a en son cœur même, outre les protests ou les barricades, un « entretemps » (Boucheron, 2012) tout aussi crucial où se mûrissent ce qu’elle porte en elle de transformations. Ce projet fait l’hypothèse que l’histoire, s’affranchissant du récit seul des batailles, travaillant sur les trous de mémoire et les angles morts autant que sur les trop-pleins du discours, peut permettre d’accéder à une compréhension de ces temps d’un passé pas si lointain, malgré la tonitruance des événements qui le cernent et l’étouffent.
On ne peut se contenter de faire l’histoire de phases de révoltes et de réponses répressives ou oppressives, les unes venant renforcer les autres. Ou d’admettre que tous ces surgissements sont l’expression de la contestation en contexte autoritaire, établissant une série de périodes ou d’années de plomb suivies par des printemps plus ou moins durables. Il nous faut dès à présent reconstruire cette chronologie patiemment, retracer les échos entre ces événements et en faire renaitre les mémoires divisées, en comprendre le parcours interne et les spécificités, en éclairer les langages.
Au sein de DREAM, nous nous employons à écrire une histoire qui s’attache d’abord à repérer, dater et identifier ce qui est contenu dans l’idée de révolution et les temps qui la précèdent. Ainsi, la prochaine étape consiste à établir une typologie des terminologies acceptées et existantes qui méritent d’être affinées, ou bien critiquées. Dès que des archives sont identifiées et collectées, il nous faut les retravailler afin de mettre en évidence les voix et les bruits jusqu’ici recouverts par ceux qui parlent plus fort et plus haut. Entre le silence et le discours assourdissant des leaders et des vainqueurs, il nous faudra reconstituer les projections et les espoirs, les chuchotements et les voies non abouties des soulèvements. Car c’est le fil qui peut nous servir à écrire une histoire par l’ordinaire des soulèvements, des levées d’espoir et de leurs retombées, de leurs sédimentations.
DREAM a pour ambition de travailler à l’écriture de l’histoire des révolutions dans la région en les prenant comme objet historique en soi et non comme mesure par rapport à un idéal-type ou en isolant un ou des acteur(s) particulier(s), icônique(s). Les révolutions doivent être ici considérées comme un phénomène multidimensionnel. Le projet dialogue avec les récents développements de l’historiographie des révolutions qui se centre sur les émotions et sur la commotion – le fait de se mettre en mouvement ensemble – et la constitution, dans le moment révolutionnaire long, d’un peuple en marche (Timothy Tackett, 1996). Mais s’il est bien question de faire l’histoire de la Méditerranée arabe comme d’un espace comme les autres, il s’agit d’être à l’écoute de sa production propre d’outillages révolutionnaires tout en partageant des interrogations et des hypothèses avec des expériences historiques venues d’autres espaces et d’autres temps.
L’équipe de recherche DREAM est composée de Dr. Leyla Dakhli, chercheuse principale (CNRS- CMB Berlin); trois chercheurs post-doc: Dr. Youssef El-Chazli (CNRS – CHS Paris), Dr. Mélanie Henry (CNRS – CHS Paris) et Dr. Giulia Fabbiano (CNRS – CHS Paris); et de chercheurs associés: Dr. Elena Chiti (Stockholm University), Dr. Samer Frangie (American University of Beirut), Dr. Loulouwa al-Rachid (Carnegie Middle East Center, Beirut), Dr. Fadi Bardawil (University of North Carolina, Chapel Hill), Dr. Kmar Bendana (Université de la Manouba, Tunis), Dr. Amin Allal (CNRS – IRMC Tunis), Dr. Sophie Wahnich (CNRS – IIAC Paris) et Dr. Yann Potin (Archives nationales, Paris). Enfin, Leila Mousson est l’archiviste en charge de la collection des langues arabes à l’ISSH d’Amsterdam. Elle y est notre contact principal.
Afin d’assurer un haut niveau dans la qualité de recherche, notre comité d’éthique est composé de Dr. Myriam Catusse (CNRS - Aix-en-Provence), Dr. Jihane Sfeir (Université libre de Bruxelles), Dr. Vincent Lemire (Université de Marne-la-Vallée) et Dr. Jillian Schwedler (City University of New York).
Dr. Lucile Debras (Berlin) est la directrice des finances du projet et Dorothee Mertz (Berlin), la coordinatrice du projet. Ce projet de recherche transnational est rendu possible grâce au financement du conseil Européen de la recherche (CO-771453-DREAM).
Academics in a Century of Displacement. The Global History and Politics of Protecting Endangered Scholars
26 mars 2024Pascale Laborier , Leyla Dakhli , Franck Wolff
Migrationsgesellschaften
Edition: Springer VS
Collection: Migrationsgesellschaften
ISBN: 978-3-658-43540-0
‘Endangered scholars’ is a recently highly relevant, yet historical notion. Embedded in the greater history of the 20th and 21st centuries, it captures the phenomenon of scholars who, after years of intellectual work and integration in their societies of origin, are forced to seek rescue in foreign host societies. The pressing urgency of the topic thus has an important historical background. From escaping Russian intellectuals after 1917 to the protection of Jewish refugees during World War II, Algerian intellectuals in contemporary history, or persecuted academics from Turkey today: Over the course of about a century, categories of inclusion, transnational relations, and forms of agency of scholars at risk remained surprisingly stable (and hence diachronously and synchronously comparable) while they also adjusted flexibly to contemporary conditions. This collective volume carves out this historical development and its recent expressions. It brings together researchers in a vivid yet largely unconnected field of migration and refugee studies. By developing a complex image of the origin of the global history and politics of protecting endangered scholars from the early 20th century until today, the book contributes to research on academics in exile as a part of refugee research, migration studies, the history of higher education, and the contemporary history of societies. The interdisciplinary volume explores the phenomenon as a historical, political and legal subject, brings together scholars of forced migration and intellectual studies, and includes currently affected scholars into those reflections.
Collection: Sciences humaines
ISBN: EAN 9782021459869
L'Esprit de la révolte
Archives et actualité des révolutions arabes
Directeur d'ouvrage : Leyla Dakhli
Collectif
Les soulèvements qui se sont succédé dans le monde arabe en 2010 et 2011 n’ont pas épuisé leurs potentialités. Occupation des places, slogans dégagistes et anti-système, nouvelles mobilisations de la fin 2019 : l’expérience révolutionnaire arabe s’est étendue et déborde les limites qui étaient les siennes il y a dix ans. Elle a ébranlé les sociétés au point que, malgré les contre-révolutions, rien ne sera plus comme avant.
L’Esprit de la révolte propose de lire la puissance politique des printemps arabes, leurs répertoires d’actions, les circulations
de formes protestataires depuis leurs archives. Traces du temps révolutionnaire, ces documents sont autant de balises pour le futur si l’on prend le temps de les regarder, de les lire, de les écouter. Et nous espérons que nos lectrices et lecteurs pourront voir ce qui se raconte ici en creux des places européennes, des rues sud-américaines et d'une aspiration globale à « changer de système ».
Sous la direction de Leyla Dakhli, dix chercheuses et chercheurs ont engagé une grande collecte : photos, tracts, vidéos, fresques murales, banderoles, chansons, affiches, etc. Chacun de ces objets, témoin d’un moment, d’une figure, d’un type d’action politique, constitue l’ancrage d’une réflexion et d'un récit. Ce cheminement par l’archive permet aussi de relier les expériences et d’en comprendre la persistance ou la disparition.
Avec Amin Allal, Kmar Bendana, Mohamed Slim Ben Youssef, Youssef El Chazli, Elena Chiti, Simon Dubois, Giulia Fabbiano, Samer Frangieh, Mélanie Henry, Loulouwa Al-Rachid.
Collection: sciences humaines
ISBN: EAN 9782757861981
L’histoire contemporaine du Moyen-Orient, loin de se résumer à des affrontements géopolitiques et des découpages territoriaux, s’écrit à partir du dernier tiers du xixe siècle au fil des réformes, des inventions et des révolutions.
À travers les contributions de douze auteurs proposant, à partir de leurs spécialités, des forages à l’intérieur des sociétés du Moyen-Orient entre la fin du xixe siècle et les années 1980, nous faisons le pari d’écrire une synthèse qui ne soit pas une somme. Les femmes, les migrations, les minorités, les citadinités, la modernisation ou encore l’âge des révolutions : autant d’objets d’histoire sociale dans leur forme la plus ouverte, d’emblée politique, en ce qu’ils interrogent ce qui est affecté par le politique et ce qui, dans le monde social, affecte le politique. Autant de questions pour aujourd’hui.
Espérons que ces voix multiples fassent apparaître un Moyen-Orient à la fois plus complexe et plus normal qu’il n’y paraît, où ni la guerre ni la dictature ne sont une fatalité.
Leyla Dakhli
Chercheuse au CNRS, elle s’intéresse à l’histoire intellectuelle et sociale du monde arabe contemporain. Elle a récemment publié Histoire du Proche-Orient contemporain (La Découverte, 2015).
Avec les contributions de : Emma Aubin-Boltanski, Philippe Bournaud, Elena Chiti, Angelos Dalachanis, Leyla Dakhli, Edhem Eldem, Azadeh Kian, Vincent Lemire, Noémie Lévy-Asku, Philippe Pétriat, Matthieu Rey, Mehdi Sakatni, Emmanuel Szurek.
Collection: Repères
ISBN: 9782707157065
Retraçant l’histoire du Proche-Orient au XXe siècle en portant le regard sur les sociétés, cette synthèse entend situer les révolutions de 2011-2012 dans une généalogie des luttes dans la région. Contre la vision d’un monde arabe secoué de guerres et de soubresauts plus ou moins irrationnels, l’auteure écrit ici l’histoire des sociétés et des changements qui les affectent de la fin de l’Empire ottoman aux États modernes, en passant par la période de domination coloniale de l’entre-deux-guerres.
Cette histoire commence par une révolution, celle menée au sein de l’Empire par les Jeunes-Turcs, et s’achève dans le cycle révolutionnaire actuel, marqué par l’expression de volontés fortes d’émancipation, mais aussi par des résistances et des violences immenses. Elle propose une chronologie de la région qui s’articule autour des moments de contestation et d’élaboration de voies nouvelles pour les sociétés et pour les États : luttes féministes, idéologies nationales ou transnationales, parcours de migrations, luttes ouvrières, mouvements de jeunesse, mouvements culturels...
Leyla Dakhli is a researcher at the CNRS (centre Marc-Bloch, Berlin) and a historian of the contemporary Arab world. Her works include Une génération d’intellectuels arabes. Syrie et Liban, 1908-1940 (Karthala-IISMM, 2009), Proche-Orient : foyers, frontières et fractures (with V. Lemire and D. Rivet, Vingtième Siècle, n° 103, September 2009), Des engagements au féminin au Moyen-Orient (XXe-XXIe siècles) (with S. Latte Abdallah, Le Mouvement social, n° 231, avril-juin 2010).
Publications
Leyla Dakhli (dir.), Le Moyen-Orient (fin XIXe-XXe siècle), Paris, Éditions du Seuil "Points Histoire", nov. 2016.
http://www.seuil.com/ouvrage/le-moyen-orient-leyla-dakhli/9782757861974
Leyla Dakhli et Vincent Lemire (dir.), Étudier en liberté les mondes méditerranéens. Mélanges offerts à Robert Ilbert, Paris, Publications de la Sorbonne, 2016.
http://www.publications-sorbonne.fr/fr/livre/?GCOI=28405100544440