Nur Yasemin Ural | Doctorante

Ancien Membre
Centre Marc Bloch, Friedrichstraße 191, D-10117 Berlin
Email: nyasemin  ( at )  gmail.com Tél: +49(0) 30 / 20 93 70700

Institution principale : EHESS (Paris) |

Bourse
Bourse CROUS France (2007-2008)
Bourse de Longue Durée de DAAD (2011-2012)
Bourse du CIERA 2012
Bourse de Fin de Thèse du Centre Marc Bloch (2012 - 2013)
Sujet de recherche
Sociologie de l'immigration, le corps et la corporaité, théorie sociologique, postcolonialité, mémoire collective, Islam en Europe, anthropologie de la mort et les rituelles mortuaires.
Titre de la thèse
Mourir en Diaspora : Les pratiques funéraires des minorités originaire de Turquie en Europe
Résumé de la thèse
Le projet de recherche a pour objet l’étude des pratiques funéraires de la communauté turque en Europe pour examiner comment un fait religieux qui semble appartenir à l’espace privé, puisqu’il s’agit d’un choix personnel, peut devenir un enjeu public, communautaire, national et transnational. En travaillant sur cette communauté en tant que minorité religieuse et ethnique, le point de départ de cette étude est la question suivante :
Comment mener sa vie en Europe et y affronter la mort conformément au mode de vie « islamique » ? Ce questionnement suppose au préalable d’identifier et analyser les catégories identitaires : « musulman », « européen ». Ces catégories, bien qu’interdépendantes selon un degré variable, restent dissociées dans les représentations sociales.
Concernant les pratiques funéraires cultuelles et culturelles, deux choix s’offrent à l’individu : l’enterrement en Europe ou bien le rapatriement dans le « pays d’origine ». En réalité, ce choix individuel n’est souvent pas effectué, puisqu’après la mort ce sont les décisions de la famille et de la communauté qui interviennent. Je me suis intéressée à la perception subjective de chaque individu par rapport aux pratiques funéraires suivant sa propre mort et celle de ses proches. Je considère ce choix comme un indicateur de l’attachement au « pays d’origine » ou bien au pays d’accueil.
Les « carrés » dans des cimetières européens, qui permettent la séparation des sépultures des différentes confessions, sont une invention occidentale . Le carré musulman est le résultat de l’interaction qui émerge de la rencontre de plusieurs cultures et religions. Ce mélange crée un nouveau phénomène qui n’existe nulle part ailleurs que dans le lieu de rencontre où phénomènes sociaux interagissent les uns sur les autres. L’islam change lui-même en transformant l’espace public, en y pénétrant, de même que l’Europe change en l’accueillant. Certes, ces transformations graduelles et irréversibles entraînent des contradictions à tous les niveaux sociaux.
L’enjeu du carré musulman est intéressant à plusieurs égards. D’une part, ce concept est étranger aux coutumes islamiques, où les cimetières sont séparés selon chacune des confessions religieuses. D’autre part, dans la communauté européenne, cela soulève des problématiques particulières. Par exemple la société française qui est marquée par la laïcité, considère la construction de cet espace comme un défi et un compromis qui menacent les linéaments de la République.
L’autre pratique fréquemment exercée parmi les « immigrés » est le rapatriement du corps après la mort dans le « pays d’origine » ou vers la terre natale. Ce « trafic » mortuaire dépasse les frontières nationales. Le caractère transnational de l’immigré est souligné une fois de plus par son denier voyage vers le « pays d’origine ». Ce transport du corps nécessite le support d’une structure économique et juridique opérant dans la sphère internationale, alors que l’implantation du carré musulman exige une transformation dans le cadre de l’Etat-Nation. Cela ne signifie pas que le carré musulman n’ait pas un caractère international. Au contraire, en englobant des musulmans d’origines différentes, il constitue un espace plurinational. Celui-ci n’a toutefois pas d’existence matérielle et juridique dans la sphère internationale et est nécessairement enfermé dans le cadre de la nation.
La pratique du rapatriement est organisée par les services des pompes funèbres qui s’occupent du déplacement du corps du pays d’accueil vers le pays d’origine. Les démarches que nécessite le rapatriement sont complexes. Elles font intervenir les juridictions des deux pays et s’appuient sur un réseau d’accords internationaux.

Directeur de thèse
Prof. Dr. Nilüfer Göle