Here is the French translation of the text:

Par leur participation à la lutte pour l’indépendance nationale, les femmes algériennes ont constamment remis en question les rôles de genre établis et les hiérarchies, tant au sein de la société colonisée que dans leurs interactions avec les colonisateurs. Dans les récits à la première personne des militantes algériennes, la politique des corps émerge comme un domaine particulièrement important dans la lutte contre le colonialisme, mais aussi au sein même du système colonial. D’un côté, les corps des femmes étaient pris pour cible par les colonisateurs, notamment à travers la violence, la torture et les cérémonies publiques de dévoilement. Toutefois, j’examine comment les femmes ont, en même temps, utilisé leurs corps de diverses manières pour participer politiquement.

Par exemple, des membres féminines du Front de Libération Nationale (FLN), principalement des jeunes femmes bien éduquées, familières des quartiers français et du mode de vie français, ont placé des bombes dans les quartiers français d’Alger. Le FLN avait pour objectif d’exploiter la connaissance des femmes des codes français ainsi que leur sous-estimation et dépolitisation par les soldats français. La politique des corps, comme le jeu avec les notions occidentales et orientalisées de la beauté, l’utilisation du passing et de la mimétisme, étaient des éléments centraux de cette stratégie.

Ma thèse explore différents aspects des politiques des corps, le questionnement de l’ordre spatial colonial genré, et le rôle de la violence dans les récits autobiographiques des femmes algériennes. Ces récits suggèrent que les femmes étaient bien conscientes des assignations genrées qui leur étaient attribuées et les ont délibérément utilisées pour faire avancer la lutte de libération nationale – et, dans certains cas, également pour elles-mêmes en tant que femmes.