Pouvoirs en exercice : configurations et représentations

L’expérience des régimes autoritaires, et en particulier du nazisme, constitue un moment fondateur pour la cristallisation de l’ordre politique européen. Le travail scientifique et politique sur ce moment clé de l’histoire représente en ce sens un enjeu académique et public déterminant. Après la chute du mur de Berlin, la division du continent sur laquelle avait débouché le second conflit mondial a pris fin et la démocratie représentative s’est rapidement imposée sans rivale sur tout le continent. Et pourtant, paradoxalement, cette situation, loin de déboucher sur la « fin de l’histoire » prédite par certains épigones, conduit à des interrogations renouvelées sur l’ordre politique.

L’interrogation porte en particulier sur le niveau étatique qui n’est plus considéré comme le seul régulateur de la vie politique et que les analyses réinscrivent dans des dynamiques de niveau supranational. Tandis que s’institue un espace public à une échelle européenne et mondiale, les acteurs politiques, les institutions et les réseaux transnationaux prennent une place croissante dans la définition des politiques, suscitant un intérêt renouvelé pour la circulation transfrontalière des experts et des savoirs, et pour leurs effets sur le gouvernement des Etats.

De nouveaux questionnements portent aussi sur la formation d’un ou plutôt des espaces publics en Europe, où s’élaborent les projets et les politiques qui façonnent le continent. Si le politique peut se concevoir comme le produit d’échanges rationnels, où les intérêts et les préférences s’ajustent les uns aux autres, y compris bien sûr en des formes conflictuelles, les mots, les images, les sons mais aussi les émotions sont constitutifs des espaces publics où se forment l’Europe, ses opinions publics et ses groupes d’acteurs. Ces espaces sont, dès lors, également l’objet de nos réflexions.

Cet axe de recherche travaille la question du politique en multipliant les angles d’éclairages et les objets étudiés. Tous les groupes qui le composent sont structurés de façon interdisciplinaire. Leur originalité repose également sur d’autres dimensions : croiser des approches françaises et allemandes, bien sûr, mais aussi articuler histoire par en-haut et histoire par en-bas ; ne jamais limiter le politique au système politique institutionnel et aux politiques publiques qu’il produit, tout en les prenant également pour objet ; interroger la façon dont les décisions politiques fondamentales mobilisent l’espace public ou, au contraire, s’en affranchissent ; questionner les logiques de communication qui s’y déploient ; et porter toujours l’attention sur la façon dont la construction sociale et historique des catégories ont un effet performatif sur la réalité sociale.


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