Au cours des dernières décennies, l'Union européenne et ses États membres ont cherché à contrôler et à réduire les migrations dans l'espace Schengen par le biais d'accords sur le contrôle des migrations avec des pays extérieurs à l'UE, visant notamment à renforcer les contrôles aux frontières et la réadmission. Ce processus a permis de créer des liens avec d'autres domaines (issue-linkages), à savoir la coopération au développement, la sécurité, les accords sur les visas ainsi que la mobilité pour l'emploi, l'éducation et les affaires. Dans le même temps, on sait peu de choses sur les raisons qui poussent les gouvernements des "pays tiers" à s'engager dans ces types de coopération avec l'Europe et sur l'influence des sociétés sur les intérêts de leurs gouvernements en matière de politique étrangère dans le domaine de la migration.

C'est pourquoi mon projet de doctorat vise à mettre en lumière les intérêts des gouvernements africains dans la "diplomatie migratoire", définie comme la diplomatie menée sur les questions de politique migratoire, avec les gouvernements européens. En appliquant un cadre théorique libéral, les préférences des gouvernements sont comprises comme découlant des préférences des groupes sociétaux et des institutions nationales régulant les influences des groupes sur le gouvernement de l'État.

En appliquant une approche mixte (mixed methods approach), une base de données d'accords sur la migration, la réadmission et les contrôles aux frontières des pays membres des processus de Rabat et de Khartoum, complétée par des indicateurs de l'importance de la migration dans la politique intérieure, a été créée et analysée. Sur cette base, la Gambie a été choisie comme étude de cas en raison de sa transition vers la démocratie et des changements subséquents dans ses politiques migratoires et sa diplomatie avec l'Europe, ainsi que de l'importance relative de la migration dans la politique nationale.