L’utilisation de personnifications nationales connaît une tradition séculaire qui remonte déjà à l’Antiquité, avec ses déesses Athènes et Rome. À partir de l’époque moderne, cette tradition fut récupérée par plusieurs états ressentant le besoin de représenter leur structures politiques voire leur population comme étant un corps uni. Ce fut le cas, entre autres, aux Pays-Bas sous les Habsbourg à partir de la fin du Moyen-âge avec la naissance de Belgica (ensuite devenue la Vierge Néerlandaise) à la veille de la fondation de la République des Provinces-Unies. Cette Vierge Néerlandaise connut cependant une considérable évolution iconographique, dans son apparence aussi bien que dans les attributs auxquelles elle fut associée. Dans mon projet, j’esquisserai cette évolution formelle de l’image de la Vierge Néerlandaise tout en essayant d’y voir aussi le reflet de changements dans la situation politique du pays. Il sera alors particulièrement intéressant de comprendre son fonctionnement après la fin de la République et l’arrivée de la monarchie des Oranges (1813-1814) ainsi que faire quelques hypothèses concernant sa disparition de facto de l’imaginaire collectif, grosso modo à partir de la fin de la Seconde Guerre Mondiale. Il sera également possible d’encadrer ces réflexions dans une perspective européenne, sachant que la seule personnification nationale qui reste actuellement utilisée à grande échelle est celle de la Marianne française. Comment alors expliquer la perte de force expressive d’autres personnifications face à cette ‘exception’ française ?