Romain Tiquet | Chercheur

Dynamiques et expériences de la globalisation
Centre Marc Bloch, Friedrichstraße 191, D-10117 Berlin
Email: romain.tiquet  ( at )  gmail.com Tél: +49(0) 30 / 20 93 70700

Institution principale : CNRS | Position : Chargé de recherches CNRS | Discipline : Histoire contemporaine |

Biographie

Romain Tiquet a été chercheur CNRS à l’Institut des Mondes Africains (MMSH Aix-en-Provence) et depuis le 1er septembre 2022 au Centre Marc Bloch. Après avoir travaillé sur le travail forcé au Sénégal, il s’intéresse à l’histoire de la folie en Afrique de l’Ouest. Il pilote le projet ERC « Governing Madness in West Africa » (MadAf 2021-2025). Son livre « travail forcé et mobilisation de la main-d’oeuvre au Sénégal (années 1920-1960) a été publié aux Presses Universitaires de Rennes en 2019.

(ERC) MaDAf: A History of Madness in Africa: Governing Mental Disorder during Decolonisation (1940s – 1970s)

Le projet

Ce projet souhaite sortir du cadre limité de l’internement psychiatrique pour interroger la multiplicité des lieux où se rencontre le trouble mental (rue, tribunal, prison, poste de police, village, etc.). Il questionne l’ordinaire de la folie au travers d’une étude au « ras des sources » et au « ras du sol » en intégrant l’analyse à plusieurs échelles, du local au transnational, afin de rendre compte du fossé entre discours, pratiques et expériences individuelles de la folie. Je mobilise une diversité de sources écrites (archives administratives, presse), dont certaines encore jamais explorées dans le contexte africain (archives psychiatriques, dossiers de patient.e.s), mais aussi des sources iconographiques et orales.

Ce projet s’organise autour de trois axes de recherche complémentaires. Le premier interroge de manière comparée et sur la longue durée les représentations diverses mais aussi l’émergence et l’utilisation de définitions multiples du désordre mental pour caractériser, identifier et contrôler les populations pendant la période coloniale et postcoloniale. Ce projet s’intéresse à la fois aux discours et pratiques produits par le politique et les sociétés sur la folie en Afrique, mais interroge aussi ce que dit la folie du politique et de la société sur le continent. Dans un second axe de recherche, je m’intéresse aux différentes formes de prise en charge de la folie, que ce soit dans le cadre de la clinique psychiatrique et de l’enfermement asilaire ou de la gestion répressive et policière du désordre mental par différentes autorités. Enfin, dans un troisième axe de recherche, ce projet opère un changement d’échelle pour se concentrer sur les individus, sur les « fous » et « folles », envisagés non pas comme simples objets d’un savoir politique ou médical mais comme sujets et acteurs de leurs propres histoires.
L’histoire de la folie sur le continent africain permet d’opérer un double décentrement aux potentialités heuristiques multiples. Premièrement, une histoire de la folie à partir de l’Afrique de l’Ouest permet d’éclairer par les marges l’histoire de l’État et des sociétés ouest-africaines pendant les périodes coloniales et postcoloniales. Deuxièmement, l’étude du désordre mental en Afrique de l’Ouest en dehors de son aspect strictement psychiatrique permet de proposer une analyse renouvelée de l’histoire de la folie et de l’insérer dans une perspective plus globale.

Das MaDAf-Forschungsteam besteht aus Dr. Romain Tiquet, Forschungsleiter (CNRS- CMB Berlin); drei Post-Doktoranten: Dr. Gina Aït Mehdi (CNRS – IMAF Marseille), Dr. Camille Evrard (CNRS – IMAF Marseille) und Dr. Paul Marquis (CNRS – IMAF Marseille); Und assoziierten Forschern: Dr. Papa Mamadou Diagne (Institut Pasteur), MA. Cecilia Dracchio (Sapienza Universität Rome), Dr. Mélanie Henry (EHESS-IIAC), Dr. Katie Kilroy-Marac (University of Toronto), Dr. Olivia Legrip Randriambelo (LARHRA, Lyon), MA. Frederic Macia (Lyon II), MA. Gaia Manetti (Université de Genève / Pisa Universität), Dr. Nana Quarshie (University of Yale), Dr. Misha Suter (IHEID Genève) und MA. Annigje Van Dijk (KU Leuven). Nancy Rose Hunt (University of Florida) est la conseillère éthique du projet

Dr. Lucile Debras (Berlin) ist die finanzielle Projektleiterin. Dieses transnationale Forschungsprojekt wird mit Mitteln des Europäischen Forschungsrates ermöglicht (StG- 852448-MaDAf).

Au-delà du rapport Duclert. Décentrer l'histoire du génocide des Tutsi du Rwanda

08 novembre 2021

Romain Tiquet

Sammelband

Edition: Revue d’Histoire Contemporaine de l’Afrique

Dossier spécial coordonné au sein de la revue par : Camille Evrard, Muriel Gomez-Perez, Martin Mourre, Florent Piton, Nathaniel Powell et Romain Tiquet

Pour l'éditorial commun avec la revue Sources. Matériaux & Terrains en études africaines dans lequel ce dossier s'inscrit, lire ici.

Ce dossier spécial s’articule autour d’un ensemble de réactions au rapport, portant le plus souvent sur d’autres aspects que la question française, à la méthodologie et aux conclusions de la commission. Marie-Eve Desrosiers, met ainsi en évidence ce qu’elle estime être un « biais présentiste » dans la manière dont la commission a analysé la période correspondant aux premiers mois de la guerre civile à la fin de l’année 1990.
Ornella Rovetta interroge  la possibilité d’« écrire l’histoire en commission », c’est-à-dire sur la base d’un corpus archivistique et dans une chronologie définie moins par une question de recherche que par le pouvoir politique.
Via une analyse qu’elle qualifie de « sexospécifique », Caroline Williamson Sinalo met quant à elle en évidence l’occultation des perspectives de genre dans le rapport, non seulement lorsque celui-ci examine les violences et les pratiques de cruauté commises avant et pendant le génocide sur les Tutsi, mais aussi, les accusations de viols formulées à l’encontre de militaires français lors des opérations Noroît et Turquoise entre 1990 et 1994.
Proposant une montée en généralité à partir du contenu du rapport Duclert, Étienne Smith s’intéresse d’une part à la manière dont le rapport examine les tensions et les contradictions qui ont traversé l’institution militaire à propos du Rwanda entre 1990 et 1994, d’autre part à la façon dont cette même institution a réagi à la publication des conclusions de la commission.
Le dossier de réactions au rapport Duclert s’achève par un texte au statut singulier, car n’émanant pas strictement d’une personnalité académique, en la personne de l’écrivain sénégalais Boubacar Boris Diop. Dans ce texte que nous nous réjouissons de publier simultanément en wolof, il propose une remise en contexte du rapport Duclert, dont il souligne bien qu’il est une étape parmi d’autres – et sans doute pas la dernière – dans le chemin vers la « vérité ».

Plusieurs autres textes complètent cet ensemble d’articles. Un article Varia de Florent Piton portant sur l'historiographie du génocide des Tutsi du Rwanda, un entretien avec François Graner, militant de Survie et très engagé sur le dossier Rwandais, ainsi que plusieurs comptes-rendus de lecture.

https://oap.unige.ch/journals/rhca/issue/view/rwanda