Valentin Denis | Doctorant associé

Environnement, climat, énergie : les sociétés face aux défis écologiques
Centre Marc Bloch, Friedrichstraße 191, D-10117 Berlin
Email: valentin.denis  ( at )  ehess.fr Tél: +49(0) 30 / 20 93 70700

Institution principale : Ecole des Hautes Etudes en Sciences Sociales (Paris) (EHESS) | Position : Doctorant contractuel | Discipline : Philosophie |

Biographie

Agrégé de philosophie, Valentin Denis est doctorant contractuel à l'EHESS depuis septembre 2023, au sein du Laboratoire interdisciplinaire d'études sur les réflexivités (LIER-FYT). Il travaille sous la direction de Bruno Karsenti, à l'intersection de la philosophie des sciences sociales et de la philosophie des techniques.

Il a consacré son mémoire de M2 en histoire de la philosophie à la question des rapports entre nature, technique et humanité chez Walter Benjamin.

En plus de sa formation philosophique à l'ENS Ulm (2017-2023) et à Sorbonne Université, il a suivi un Master d'histoire des techniques (2021-2022) à l'Université Paris-1, dans l'optique de préparer un projet de thèse interdisciplinaire. Il a alors rédigé un second mémoire de M2, prenant pour objet la figure de Paulette Bernège (1896-1973), figure de proue de la rationalisation du travail domestique en France.

Institution de la thèse
EHESS

Les réseaux de la raison. La philosophie critique des techniques face à son altération sociologique

Ma thèse de philosophie des sciences sociales entend prendre la mesure des ruptures théoriques engendrées par les Science and Technology Studies (STS), en se focalisant sur la formulation qu’en ont donné la théorie de l’acteur-réseau et l’anthropologie symétrique, deux modèles théoriques en grande partie élaborés par Bruno Latour dans le cadre de ses travaux menés au Centre de Sociologie de l’Innovation (CSI) avec divers collègues comme Michel Callon, Madeleine Akrich et Antoine Hennion. Dans la continuité des travaux de Bruno Karsenti (D’une philosophie à l’autre. Les sciences sociales et la politique des modernes, 2013), j’interroge les productions conceptuelles de la sociologie et de l’anthropologie depuis la philosophie, en interrogeant la manière dont elles altèrent un certain nombre de notions élaborées par cette dernière pour penser le rapport des sociétés modernes au progrès scientifique et technique (nécessité, efficacité, domination, nature, rationalité instrumentale, moyens/fins…). L’enjeu de ma thèse est donc celui d’une critique interne de la philosophie des technosciences, invitant cette dernière à raisonner avec des concepts mieux ajustés à la complexité des pratiques. J’approfondis par-là mes précédents travaux de recherche : j’ai consacré un premier mémoire de M2 en philosophie à la question des rapports entre nature, société et technique chez Walter Benjamin, et un second, en histoire des techniques, au taylorisme domestique en France. Là où les philosophies critiques des technosciences, que je propose d’approcher à partir de l’École de Francfort, tendent à les concevoir comme des systèmes indépendants s’imposant du dehors aux sociétés sous la forme d’un déterminisme réifiant, les études empiriques des Science and Technology Studies en proposent un tableau plus nuancé. L’histoire des technosciences y apparaît plutôt comme le résultat toujours incertain de compromis contingents, où les distinctions entre le social, le technique et le naturel s’avèrent parfois difficiles à établir. En réencastrant les technosciences dans les pratiques sociales, elles ouvrent aussi de nouvelles voies à leur politisation. Cela me conduit à l’hypothèse selon laquelle le concept de démocratie technique peut être envisagé à partir de l’articulation entre socialisme et sociologie que proposent Bruno Karsenti et Cyril Lemieux dans leur livre éponyme (2017).