Léa Renard | Chercheuse associée

Dynamiques et expériences de la globalisation
Centre Marc Bloch, Friedrichstraße 191, D-10117 Berlin
Email: renard  ( at )  cmb.hu-berlin.de Tél: +49(0) 30 / 20 93 70700

Institution principale : Universität Heidelberg | Discipline : Sociologie |

Biographie
  • Depuis janvier 2023 : Chercheuse post-doctorale à la chaire de macrosociologie empirique (Prof. Dr. Matthias Koenig), Institut Max Weber, Université de Heidelberg.
  • 2020-2022 : Chercheuse post-doctorale au sein du projet "Le travail forcé, une catégorie globale en mutation" (financé par la DFG), Lateinamerika-Institut, Freie Universität Berlin
  • Juin 2018-Décembre 2019 : Assistante de recherche au Wissenschaftskolleg zu Berlin
  • Octobre 2013-Avril 2019 : Thèse en Cotutelle en science politique et sociologie, Université de Potsdam et Université de Grenoble Alpes
    Titre de la thèse : "Socio-histoire de l'observation statistique de l'altérité : Principes de classification coloniale, nationale et migratoire en France et en Allemagne (1880-2010)"
  • 2011-2013 : Master de Science politique, Institut d'Etudes Politiques de Grenoble
    Spécialité : "Sciences de gouvernement comparées"
    Mémoire de master : "Gouverner la population nationale par les chiffres: Socio-histoire de la statistique des migrations en France et en Allemagne au XIXe siècle (1860-1899)"
  • 2011-2012 : Semestre ERASMUS à l'Université d'Innsbruck, Autriche
  • 2010-2011 : Licence de Sociologie, Université Pierre Mendès France, Grenoble II
  • 2009-2011 : Bachelor de Science Politique, Institut d'Etudes Politiques de Grenoble
    Section Politique.
Bourse
  • 1.10.-30.11.2017 : Bourse de fin de thèse du Centre Marc Bloch
  • 01.03.-31.08.2015 : Bourse de mobilité ExploRA Doc (Région Rhone-Alpes)
  • 1.04.- 30.06.2014 : Bourse de mobilité du CIERA
(cotutelle)
Titre de la thèse
Socio-histoire de l'observation statistique de l'altérité : Principes de classification coloniale, nationale et migratoire en France et en Allemagne (1880-2010)
Résumé de la thèse

Autour de 1990 en France et de 2005 en Allemagne, deux nouvelles catégories sont introduites dans le champ de la statistique de la population. Toutes deux, « immigré » et « Person mit Migrationshintergrund », font appel au registre de la migration pour qualifier un groupe de population. Notre analyse montre que ces deux événements sont révélateurs d’un changement de signification des catégorisations statistiques de la migration dans les deux pays, de la description de la mobilité vers l’observation de l’altérité de la population, changement lié au contexte de la politique publique dite d’« intégration » qui se développe en France et en Allemagne dans les années 1990-2000. La thèse interroge ainsi la manière dont la statistique rend la migration socialement pertinente pour construire l’altérité. Pour pouvoir comprendre le virage entrepris dans les nomenclatures statistiques et le resituer dans une perspective de longue durée, nous avons postulé qu’il fallait aller chercher dans l’histoire de la statistique ce qui avait tenu lieu de classification principale de la population, en lieu et place des nouvelles catégories inventées au tournant des XXe et XXIe siècles. Nous nous sommes donc interrogée sur la genèse et l’institutionnalisation des catégories de l’altérité et de la mobilité dans la période 1880-1914, alors que la France et l’Allemagne, à l’époque le Deutsches Kaiserreich, se constituent en États-nations et en empires coloniaux. Pour observer ces processus empiriquement, nous avons choisi de comparer les pratiques de catégorisation de l’altérité et la mobilité (1) en France et en Allemagne, (2) à deux périodes différentes, 1880-1914 et 1990-2010, et (3) dans le contexte métropolitain et colonial. L’analyse socio-historique comparée d’après la méthodologie de la comparaison en contexte a reposé sur une asymétrie assumée entre les deux périodes étudiées : tandis qu’il s’agissait de reconstruire la genèse des catégories « immigré » et « Person mit Migrationshintergrund » à deux moments distincts temporellement en France et en Allemagne, l’analyse de la période 1880-1914 a consisté à mettre au jour ruptures et continuités historiques des principes de classification sur l’ensemble de la période dans une perspective croisée. La démarche n’est ni chronologique ni rétrospective : elle contraste deux configurations historiques pour tenter d’identifier des ressemblances et des différences. Nos résultats montrent qu’entre 1880 et 1914, la catégorie de migration est majoritairement associée à un phénomène de mobilité dans les discours politiques et statistiques. À cette époque, la focale se porte sur l’émigration, redéfinie comme un déplacement géographique en dehors des frontières de la nation et de l’Empire. Le transport des « émigrants », catégorie de population qui nourrit le débat et les tableaux statistiques, fait l’objet des problématisations politiques. Les statistiques relatives à l’émigration comme mobilité étaient alors séparées de l’observation de la composition de la population, à travers le critère de la nationalité dans le contexte métropolitain et des schémas « raciaux » dans le contexte colonial. En 1990 en France et 2005 en Allemagne, le registre de la migration est mobilisé cette fois pour observer statistiquement la composition de la population. Nos résultats ont permis de mettre au jour trois principes de construction de l’altérité dans les deux pays et dans les deux périodes étudiées : un principe national, un principe colonial et un principe migratoire. La thèse développe ainsi une approche renouvelée des interactions entre observation statistique et politique publique, en testant empiriquement sur le terrain des statistiques relatives à la migration l’hypothèse de la « circularité du savoir et de l’action » mise au point par Alain Desrosières.

Directeur de thèse
Theresa Wobbe (Universität Potsdam) - Martine Kaluszynski (Sciences Po Grenoble, PACTE-CNRS)
Projets

Politiques coloniales et internationales de la différence dans le monde du travail

Le projet vise à développer un cadre sociologique pour l'étude de pratiques de travail basées sur la violence et la contrainte, tant dans le contexte colonial que dans le monde global actuel. L'objectif est de mettre en évidence les politiques coloniales et internationales de la différence à l'exemple du monde du travail et d'éclairer les modèles d'interprétation de la diversité culturelle qui les sous-tendent.

37 | 2020 Revue d'histoire des sciences humaines. "Nommer les savoirs"

30 septembre 2020

Guillaume Mouralis , Martin Herrnstadt , Léa Renard , Serge Reubi , Nikola Tietze

Artikel
Revue d'histoire des sciences humaines
Edition: Éditions de la Sorbonne
Collection: Revue d'histoire des sciences humaines
ISBN: 979-10-351-0593-8

Les noms des savoirs sont souvent des boîtes noires que l’on manipule avec ingénuité. Pourtant, qu’ils forgent de nouveaux intitulés pour leurs pratiques savantes ou reprennent des dénominations existantes, les savants eux-mêmes y prêtent une grande attention. Étudier la façon dont on nomme et regroupe les savoirs permet de travailler sur leur émergence, les conditions de leur succès, leurs resémantisations invisibles ou les controverses qui les ont traversés. La dénomination et l’agrégation des savoirs sont indissociables de partitions, de découpages et de distinctions. À travers l’analyse des différentes épithètes feuilletant la « géographie » dans la France des xixe-xxe siècles, on met par exemple au jour une histoire beaucoup moins unitaire que ne le voudraient les représentations autochtones. Souvent transnationaux, les cas étudiés témoignent des appropriations variées d’un même terme comme « enquête », « ethnopsychiatrie » ou le diptyque philologie/linguistique. Enfin, en s’arrêtant sur « behavioral sciences », « moral sciences », « Geisteswissenschaften » ou « sciences humaines » c’est l’objet même de la Revue d’histoire des sciences humaines qui se trouve interrogé.


Publications

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