Dr. Sara Minelli | Chercheuse associée
Institution principale
:
EHESS
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Position
:
Chercheuse
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Discipline
:
Philosophie
,
Science Politique
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Biographie
2020: Thèse de doctorat: "Politiques du mythe au 20ème siècle, entre fascisme et critique" (EHESS).
Intérêts de recherche: philosophies du mythe, Théorie critique, histoire du fascisme.
Je suis rattachée au Centre Marc Bloch depuis 2017. Depuis juin 2019 je travaille en tant que wissenschaftliche Mitarbeiterin à l'Université de Kiel (CAU), en Théorie politique, histoire des idées et culture politique.
Titre de la thèse
Politiques du mythe au début du 20ème siècle, entre fascisme et critiqueRésumé de la thèse
La thèse porte sur la politisation du mythe au début du XXe siècle. La notion de mythe apparaît en effet massivement dans le langage politique au tournant siècle, à partir du romantisme, et elle est ensuite revendiquée par les régimes fascistes en Italie et en Allemagne : il s’agit, selon la propagande, de réaliser le mythe de la nation, de la « race », ou encore du « Troisième Reich ». Loin de signifier l’illusion, ou encore la fable plaisante dont il était sous les Lumières, le mythe est désormais une réalité politique. Or, la politisation de la notion de mythe coïncide sous le fascisme avec ce qui a pu être considéré comme une mythisation du politique, c’est-à-dire la mise en place de rassemblements de masse sous forme de liturgies, l’utilisation de symboles et de rites, l’héroïsation du chef, typiques des fascismes. L’usage du mythe pour susciter l’enthousiasme des masses, théorisé d’abord par Georges Sorel en 1906, semble ainsi être l’élément essentiel d’une nouvelle forme de politique. Jusque là attribué aux « autres », les soi-disant « primitifs », et représentant le contraire de la raison, le mythe exprime désormais, au moment où les masses acquièrent une importance politique inédite, la dimension non-rationnelle, imaginaire et affective de l’action collective, en même temps qu’il est placé au cœur de l’idéologie fasciste.
En retraçant l’histoire de la notion de mythe, il s’agit alors de faire apparaître cette ambivalence, de son émergence jusqu’aux critiques philosophiques qui – d’Ernst Bloch à Max Horkheimer et Theodor Adorno, ou encore Ernst Cassirer – cherchent à saisir l’emprise de la domination totalitaire sur les masses à partir du mythe. En m'appuyant sur ce que Furio Jesi appelle la « machine mythologique », je montre en effet que ce dernier a tendance à être hypostasié comme une force agissant sur les « masses », qui remplacent alors les soi-disant « primitifs ». La critique du mythe s’avère donc nécessaire pour comprendre son rôle dans l'histoire contemporaine, sans succomber en même temps à sa fascination.
Institution de la thèse
Directeur de thèse
Organisation de manifestations
10-12. 11. 2022 | « Die Zeit des Populismus », avec Brigitte Bargetz, Paula Diehl, Nina Elena Eggers, Christian-Albrechts-Universität zu Kiel (DVPW, en coopération avec la Fondation Heinrich-Böll et l’Institut français de Kiel)
08-09. 04. 2022 | « Penser à partir de ruines : dialectique et politique dans l’idéalisme allemand et la théorie critique », avec Yasmin Afshar, Nicolas Lema, Ernesto Ruiz-Eldredge, Paris 1 Sorbonne, Paris (en coopération avec le Centre Marc Bloch et l'Université de Poitiers)
09-11. 06. 2021 | « Masse und Individuum in der kapitalistischen Moderne / Masse et individu dans la modernité capitaliste / Mass and Individual in Capitalist Modernity », avec Yasmin Afshar, Nicolas Lema, Ernesto Ruiz-Eldredge, Centre Marc Bloch, Berlin (en coopération avec l'Université de Kiel et de Poitiers)
Présentisme et non-contemporanéité : Une analyse temporelle de la transformation politique
Le projet s’intéresse à la relation entre la politique et le temps. Alors que le terme « révolution » signifiait étymologiquement un retour du même, il indique à l'époque moderne l'émergence d'une nouveauté. Or, on dit que le « régime temporel » hégémonique de la « modernité » est en crise. De nombreux diagnostics temporels font état d’un emprisonnement dans un présent étendu et frénétique, qui connaît des nouveautés se succédant les unes aux autres, mais pas de nouveau qui serait différent de ce qui est. L’accélération constante de l’histoire conduit à la perte du passé et à la dissolution de l’avenir.
Toutefois, il s’agit peut-être moins d’un présentisme monolithique que d’une « explosion du non contemporain », comme le diagnostiquait déjà Ernst Bloch dans les années 1930. À partir de la recherche actuelle sur la temporalité sociale, le projet se propose alors de relier les dimensions discursives et structurelles de l’analyse de la temporalité à l’aide du concept, inspiré d’Ernst Bloch, de la « non-contemporanéité » de différents rythmes politiques et sociaux. Dans ce contexte temporel, l’idée même de révolution prend une autre forme. Dans un deuxième temps, des théories contemporaines de l’action révolutionnaire – insurrection, révolte, révolution – sont prises en considération afin de les analyser du point de vue de la relation au temps.
Publications
Die Ambivalenz des ‚Mythos‘ als politischer Begriff am Beispiel des Faschismus, in: T. Adler- Bartels, S. Altenburger, V. Frick, T. Schottdorf et T. Stein (hrsg.), Politische Grundbegriffe im 21. Jahrhundert, Baden-Baden: Nomos, 2023.
(avec Brigitte Bargetz, Nina Elena Eggers) Das Spiel mit der Zeit: autoritär-populistische Politiken der Vergegenwärtigung, in: theorieblog, Blogpost-Reihe Zeit, 2023, https://www.theorieblog.de/index.php/2023/12/das-spiel-mit-der-zeit-autoritaer-populistische-politiken-der-vergegenwaertigung/.
(avec Kaveh Ghoreishi) Divine violence: Kurdish struggles and general strike, in: Critique of Violence’ 100 years later—On the actuality of Walter Benjamin’s violence essay, Contexto International: journal of global connections, 2023.
Mito, utopia e propaganda : Linguaggio di verità o tecniche di manipolazione?, in Thomas Project. A border journal for utopian thoughts , n.3, “Utopia as a form of life”, 2020. http://www.thomasproject.net/current-issue/
Qu’est-ce qu’un mythe en politique ? Quelques remarques sur l’histoire d’une relation ambiguë, in Trajectoires, 13/2020. http://journals.openedition.org/trajectoires/5156
Freud, Adorno: estudios sobre la estructura pulsional del individuo en la masa (trad. par E. Ruiz- Eldredge Molina), in R. Prado, J. A. Paz, E. Ruiz-Eldredge (hrsg.), Iconoclasia. Investigaciones sobre y desde Marx, Lima, 2018.
Traductions
Furio Jesi, Mythe, La Tempête, 2024 (de l'italien, avec Benjamin Torterat).
T.W. Adorno, "Sur la Tradition", in: C. David, F. Perrier (hg.), Où en sommes-nous avec la théorie esthétique d’Adorno ?, Pontcerq, Rennes, 2018. (de l'allemand, avec le collectif de traduction du Centre Marc Bloch).
Hans Blumenberg, Prefigurazione. Quando il mito fa la storia, Morcelliana, 2018 (de l'allemand).