Sarah Carlotta Hechler | Doctorante associée

Pensées critiques au pluriel. Approches conceptuelles de la recherche en sciences sociales
Centre Marc Bloch, Friedrichstraße 191, D-10117 Berlin
Email: sarah.hechler  ( at )  cmb.hu-berlin.de Tél: +49(0) 30 / 20 93 70700

Institution principale : Freie Universität Berlin | Position : Doctorante | Discipline : Littérature comparée |

Biographie

Sarah Carlotta Hechler bénéficiait entre juin 2019 et fin août 2022 d’un contrat doctoral du Centre Marc Bloch, où elle continue d'être doctorante associée. Elle prépare sa thèse en littérature générale et comparée à la Freie Universität Berlin.

Elle a étudié les sciences politiques et la littérature générale et comparée à l’université Louis-et-Maximilien de Munich avec des séjours d’études à Sciences Po Paris et à la Venice International University. À la suite, elle a effectué son Master de 2016 à 2018 à l’École des Hautes Études en Sciences Sociales à Paris dans la mention Théories et pratiques du langage et des arts. Son projet de recherche y portait sur le rapport entre mémoire individuelle et collective dans l’« autobiographie impersonnelle » Les Années d’Annie Ernaux.

Titre de la thèse
L'approche auto-socio-biographique d'Annie Ernaux
Institution de la thèse
Freie Universität Berlin
Directeur de thèse
Prof. Dr. Irene Albers

L'approche auto-socio-biographique d'Annie Ernaux

Annie Ernaux caractérise ses récits La Place (1983), Une femme (1987), La Honte (1997) et en partie l’Événement (2000) dans une correspondance publiée en 2003 comme « moins autobiographiques que auto-socio-biographiques[1] ». Outre le rapport entre individu et monde social ainsi qu’autobiographie et sociologie auxquels renvoie le mot composé, l’on trouve chez Ernaux des références à une méthode ethnologique : le titre provisoire de son premier récit auto-socio-biographique était « Éléments pour une ethnographie familiale[2] » et, dans La Honte, la narratrice se décrit en tant qu’« ethnologue de [s]oi-même[3] ». 

Dans ma thèse, j’examine l’approche auto-socio-biographique ou bien auto-ethnographique d’Ernaux dans son imbrication avec la tradition sociologique et ethnologique française ainsi que des références littéraires et philosophiques. Son auto-objectivation est à considérer en relation avec, d’un côté, les études de la domination sociale de Bourdieu et, de l’autre, l’analyse des rapports de genre de Simone de Beauvoir dans ses écrits philosophiques et littéraires. De plus, la mise en question de l’intériorité et la décentralisation du sujet dans les textes d’Ernaux se place dans un contexte littéraire et théorique plus large, dans lequel les travaux de Michel Leiris et de Michel Foucault constituent des points de références importants. Mon projet de thèse se comprend comme contribution à l’analyse théorique et historique de l’œuvre d’Ernaux et se caractérise par la prise en considération des manuscrits de l’écrivaine. 

 

[1] Annie Ernaux, L’Écriture comme un couteau. Entretien avec Frédéric-Yves Jeannet [Paris, Stock, 2003], Paris, Gallimard, coll. folio, 2011, p. 23.

[2] Annie Ernaux, „Vers un je transpersonnel“, in Serge Doubrovsky, Jacques Lecarme und Philippe Lejeune (dir.), Autofictions & Cie, Cahiers Recherches interdisciplinaires sur les textes modernes 6. Paris, Université de Paris X, 1993, pp. 219–221, ici p. 220–221.

[3] Annie Ernaux, La Honte, Paris, Gallimard, 1997, p. 40.

Une conversation : Annie Ernaux et Rose-Marie Lagrave

03 mars 2023

Claire Tomasella , Claire Mélot , Sarah Carlotta Hechler , Annie Ernaux et Rose-Marie Lagrave

Edition: Edition de l'EHESS
Collection: Audiographie
ISBN: ISBN 13

Édité par Sarah Carlotta, Claire Mélot, Claire Tomasella
Postface de Paul Pasquali

Avant de se rencontrer à un colloque de l'École normale supérieure, elles avaient mutuellement lu leurs écrits. Annie avait suivi avec intérêt les articles de Rose-Marie dans la revue fondée par Pierre Bourdieu, Actes de la recherche en sciences sociales, Rose-Marie attendu avec un grand empressement chaque roman d’Annie, portées par ce sentiment d’identification si rare entre deux domaines de la pensée longtemps considérés comme opposés. Et pourtant, que ce soit par la sociologie ou la littérature, les démarches des deux autrices se ressemblent: socioanalyse, « auto-sociobiographie » ou comment l’écriture de soi produit une connaissance du social. Dans ce dialogue intellectuel et intime, la romancière Annie Ernaux et la sociologue Rose-Marie Lagrave, issues de la même génération, se livrent à une réflexion sur leurs trajectoires sociales: elles évoquent autant leurs points communs – familles modestes, normandes, bercées par le catholicisme –, que la manière différente dont elles se conçoivent en tant que transfuges de classe. Elles partagent ici leurs parcours, leurs lectures (de Pierre Bourdieu à Virginia Woolf), leurs rapports au travail, à la reconnaissance et à la vieillesse, et donnent à penser l’amitié féministe et l’écriture comme voies vers l’émancipation.