Simon Godard | Forscher

Staat, Recht und politischer Konflikt
Centre Marc Bloch, Friedrichstraße 191, D-10117 Berlin
E-Mail: Simon.Godard  ( at )  iepg.fr Tel: +49(0) 30 / 20 93 70700

Mutterinstitut : Sciences Po Grenoble | Position : Maître de conférences | Fachbereich : Zeitgenössische Geschichte |

Biographie

Diplômé de Sciences Po Strasbourg et de l’Université Paris 8, agrégé d’histoire, j’ai entamé une carrière d’enseignant-chercheur en Suisse en 2009. Assistant d’enseignement et de recherche à l’Université de Genève, j’y ai obtenu ma thèse de doctorat, en cotutelle avec l’Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne.

Après un postdoctorat soutenu par le Fonds National Suisse, en mobilité au Centre d’histoire sociale de l’Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, j’ai été recruté en tant que maître de conférences à Sciences Po Grenoble-UGA en 2017.

Je me suis engagé entre 2020 et 2022 dans la prise en charge de tâches collectives pédagogiques et administratives en devenant directeur des études de Sciences Po Grenoble-UGA. 

Je mène une activité de recherche ouverte sur l’international. J’ai été chercheur invité en Allemagne (Zentrum für Zeithistorische Forschung de Potsdam et Leibniz Institut für Geschichte und Kultur des östlichen Europa (GWZO) de Leipzig), au Canada (Centre canadien d’études allemandes et européennes de l’Université de Montréal), et en Italie (Alcide de Gasperi Research Centre de l’Institut Universitaire Européen de Florence). Je bénéficie d’une délégation de recherche au CNRS au Centre Marc Bloch de Berlin en 2024-2025. Je suis par ailleurs membre permanent du comité de pilotage du Centre Interdisciplinaire d’Études et de Recherches sur l’Allemagne (GIP-CIERA).

J’ai publié en 2021 un ouvrage tiré de ma thèse aux Presses de Sciences Po, et suis l’auteur de plusieurs articles portant sur l’histoire transnationale de l’Europe centrale et orientale, l’histoire de l’internationalisme socialiste, et l’histoire sociale de l’économie. J’oriente aujourd’hui mes recherches vers l’histoire de la « mise en économie » de questions sociales en Europe au XXe siècle (autour de la formation des économistes, de l’histoire des savoirs coopératifs et des savoirs économiques des profanes). Mes recherches récentes portent sur le genre des savoirs économiques dans le monde socialiste entre les années 1950 et les années 1970, ainsi que sur l’introduction des problématiques de genre dans les politiques de l’Union européenne.

Forschungsthema

Mon travail se place au croisement de plusieurs champs de recherche historiographiques et porte principalement sur une sociohistoire des savoirs économiques et de leur circulation dans l’espace européen. Je mets en avant dans une perspective transnationale l’interconnexion de réseaux d’experts, ainsi que la contribution des profanes, via des réseaux partisans, associatifs et syndicaux, aux circulationsd’idées économiques à travers l’Europe, en portant une attention particulière à l’Europe centrale et orientale.

Il s’agit d’interroger dans la longue durée, par-delà la différence entre les systèmes capitaliste et communiste, la circulation de mécanismes de recours aux savoirs économiques dans la légitimation des ordres socio-politiques. Je m’intéresse ainsi à la façon dont des questions définies comme sociales (comme le travail des femmes) et/ou politiques (la distinction entre sphères publique et privée, la participation des ouvriers dans l’entreprise, l’idée d’internationalisme, etc.) sont reconfigurées par la pratique et les discours des actrices et des acteurs pour être déplacées vers le terrain économique. Le développement des États Providences en Europe depuis le XIXe siècle, la montée en puissance d’organisations internationales économiques dans la régulation des relations internationales depuis le XXe siècle, notamment autour de l’idée d’un « marché européen » constitue l’arrière-plan historique de cette réflexion sur « l’économisation » du social et du politique en Europe.

Engagé scientifiquement dans des approches d’histoire sociale « par le bas » et d’histoire du genre, je travaille aujourd’hui à une sociohistoire comparative des « économistes par expérience » et de leur rôle dans la construction de la domination politique, sociale et culturelle, à différentes échelles (locale, nationale et internationale) à travers l’analyse de l’internationalisation de savoirs économiquescritiques au XXème siècle en Europe (expérience communiste incluse), notamment des savoirs développés par les ouvrières.

Le concept d’« économisation » est ainsi un prisme qui me permet de travailler à une histoire sociale de l’économie et du recours au discours économique dans la production de l’espace européen.

(cotutelle)
Titel der Dissertation

Construire le bloc par l'économie. Configuration des territoires et des identités socialistes au Conseil d'Aide Économique Mutuelle (1949-1989)

Institution der Dissertation
Université de Genève / Université Paris 1
Betreuer
Sandrine Kott / Michel Margairaz
Projekte

Profanes et savoirs économiques (PROSECO) - 2023-2025 (financement CIERA et Université Grenoble Alpes)

Depuis vingt ans, le gender mainstreaming, ou « approche intégrée de l’égalité », s’est imposé dans les discours de l’Union européenne comme « concept-méthode » (G. Fraisse) transversal dans la conception des politiques publiques. L’objectif d’égalisation en droit et en fait des rapports de sexe à travers l’action publique est cependant poursuivi sans réflexion approfondie sur la dimension genrée des savoirs qui fondent ces constats d’inégalité. Ce projet de recherche porte précisément sur cet amont de l’approche intégrée : Proséco(Profanes et savoirs économiques) vise à analyser les mécanismes par lesquels les savoirs construits et légitimés par les sciences économiques structurent et reproduisent les inégalités de genre.

Le regard historique sur un objet interdisciplinaire permet ici de comprendre l’historicité des rapports entre mise en œuvre d’une épistémologie propre aux sciences économiques, entre les années 1920 et les années 1980, et élaboration de savoirs genrés (masculins). Les recherches qui seront menées dans le cadre du projet adoptent ainsi une démarche interdisciplinaire innovante sur la question des rapports entre lieux de formation des savoirs sur l’économie, acteur·ice·s impliqué·e·s dans ces lieux, et légitimité de ces savoirs. Il fait l’hypothèseque cette interaction construit l’expertise associée à la profession d’« économiste » à travers une double mise à distance. Celle-ci concerne d’une part l’expérience acquise au travailsur les processus économiques, et d’autre part le genre des producteur·ice·s de savoirs économiques.

Les femmes issues des classes populaires sont ainsi centrales dans ce projet. Par leur travail domestique et salarié, elles sont des actrices essentielles des processus économiques. Toutefois, les sociétés européennes construisent les discours économiques dominants sur une distinction entre les sphères privée et publique, le champ de la gestion du foyer et celui de l’économie politique, et ne reconnaissent aux femmes une expertise micro-économique en matière de consommation que pour mieux la corréler à une supposée incapacité théorique à analyser les phénomènes macro-économiques. Cette construction épistémologique d’un travail féminin dé-valorisé (au sens où le travail domestique, qui conditionne les possibilités d’investissement des femmes dans le travail salarié, est assigné aux femmes et considéré comme improductif donc non valorisé économiquement) reste un angle mort de l’historiographie.

L’originalité de ce projet de recherche est d’aborder cette question en rompant avec la simple analyse de « l’apprentissage » de l’économie par les profanes. Une telle perspective postule l’existence d’un savoir légitime, constitué et extérieur aux travailleurs et travailleuses situé·e·s « en bas » du système économique. L’apport de ma recherche consistera à montrer comment la science économique académique délégitime les savoirs expérientiels sur l’économie, en particulier féminins, et exclut les lieux du travail des espaces légitimes de production et d’enseignement d’un savoir économique pour justifier l’acquisition du statut d’économiste dans la seule conformité à un cursus d’apprentissage construit à l’Université.

Cette recherche se concentre sur les archives d’entreprises, de coopératives de consommation, et sur des pétitions ouvrières afin d’analyser des configurations dans lesquelles une irruption de savoirs expérientiels, en dialogue avec les économies politiques théorisées par les économistes professionnels, peut intervenir.

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