Vortrag

Victor Pereira: Les Oliveira de Figueira dans l’espace atlantique. Les commerçants portugais à Rio de Janeiro, Paris et Kinshasa au 20ème siècle

25. Juni | 10:00

Dynamiken und Erfahrungen der Globalisierung

Victor Pereira (Université de Pau)

Tant au Brésil que dans la colonie belge du Congo, une des principales représentations du migrant portugais renvoie à la figure du commerçant. On connaît ainsi Oliveira da Figueira, marchand polyglotte et à l’aise dans le Proche-Orient, figure récurrente dans Tintin. Au Brésil, une des mascottes du club de football de Rio de Janeiro, le Vasco da Gama, représente un épicier portugais débraillé, le pain sous le bras. En France, par contre, le stéréotype du travailleur portugais renvoie plutôt aux métiers du bâtiment pour les hommes et aux emplois domestiques pour les femmes. La part des migrants portugais insérés dans le commerce est plus réduite dans l’hexagone. 

Au XIXe siècle et au XXe siècle, la visibilité des Portugais dans le petit commerce brésilien a suscité de nombreuses mobilisations, voire des révoltes. Ces commerçants, dont la venue s’insérait dans de puissantes et anciennes chaines migratoires qui reliaient le Brésil au nord du Portugal (le Minho et les Beiras principalement), étaient perçus comme les anciens colonisateurs, comme un groupe à part, au recrutement endogène, qui s’enrichissaient au détriment des classes populaires brésiliennes, notamment les afro-brésiliens, et qui constituaient une concurrence déloyale sur le marché de l’emploi. Leur prétendue rusticité était moquée dans la presse par une élite politique et culturelle qui dénigrait volontiers l’ancien colonisateur jugé archaïque. Les mobilisations contre ces commerçants portugais ont largement participé à la construction d’une identité nationale brésilienne. 

Dans l’ex-Congo Belge, la représentation du petit commerçant portugais est ambivalente. En effet, le commerçant portugais appartient à une « minorité intermédiaire » qui traverse les frontières culturelles et raciales posées dans la « situation coloniale ». Dans la presse belge du début du XXe siècle, les Portugais sont souvent critiqués parce qu’ils commercent directement avec les populations africaines, hors du système des plantations des grandes sociétés capitalistes, et parce qu’ils remettent en cause la frontière raciale entre Africains et Européens.

Notre communication prétend, grâce à l’exercice de la comparaison, saisir ces différentes chaînes migratoires, comprendre quels capitaux sont mobilisés par les migrants lorsqu’ils privilégient une destination, éclairer pourquoi les Portugais se sont principalement insérés dans le commerce au Brésil et au Congo et plus rarement en France. Il s’agira également d’analyser les différentes constructions des « représentations ethniques » et les interactions entre les migrants portugais et la société environnante, notamment avec les autres travailleurs immigrés et les populations dominées socialement et politiquement comme les esclaves, les populations noires et métisses d’Amérique latine et les populations colonisées en Afrique.

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