Ma recherche doctorale propose de défendre la thèse suivante : le républicanisme français et le

messianisme judéo-allemand proposent une conception de l’expérience du monde moderne qui repose

sur la relation intérieure de la transcendance et de la tradition. En comprenant le tournant du XXe siècle

dans les termes d’une crise spirituelle se manifestant dans l’affaire Dreyfus et la Grande Guerre, il est

possible d’identifier un horizon commun à ces deux traditions de pensée. Cette crise spirituelle du XIXe

siècle relève d’une crise civilisationnelle que Leo Strauss a caractérisé comme un oubli des principes

fondateurs de la civilisation occidentale, c’est-à-dire de l’antagonisme originaire de la raison et de la

Loi. En traduisant la thèse straussienne en des termes spirituels, autour des catégories de foi et de savoir,

il s’agit de montrer en quoi elle engage de façon privilégiée la notion d’expérience. Cela implique

nécessairement d’interroger le caractère problématique de l’expérience du monde moderne. Le tournant

du XXe siècle peut dès lors se comprendre comme le moment de manifestation du spectre de l’acosmie

et d’une certaine tradition de pensée s’étant attachée à repenser les modalités fondamentales de

l’expérience, autrement dit, la transcendance et la tradition.